Où l'on nous rappelle que les hommes sont des salauds
Un film afghan [ou saoudien] a forcément valeur de témoignage. Il lui faut donc exister au-delà de la curiosité qu'il suscite. Wajma, une fiancée afghane, impose bel et bien une identité cinématographique, même s'il peine finalement à dépasser un sujet ô combien édifiant mais très lourd.
Construit en deux parties, diamétralement opposées dans le ton, donnant chacune un aperçu du Kaboul d'aujourd'hui vécu par les classes moyennes et moyennes supérieures [celles qui ont une maison, de quoi se nourrir, qui envoient leurs enfants à l'université], tiraillées entre le désir de liberté et le poids des traditions, le film de Barmak Akram traite frontalement un sujet difficile, celui de la condition féminine dans un pays longtemps soumis aux pires obscurantismes. La tâche n'est pas aisée et le film en souffre. S'il réussit à quasiment tout dire à travers le personnage de Wajma, étudiante se croyant libre et qui ne l'est pas, il peine à s'affranchir du poids de ce qu'il dénonce.
Les hommes sont des salauds. Ce n'est pas nouveau. Il est bon de le rappeler, et surtout bon de rappeler que dans un pays à la démocratie balbutiante, les femmes sont toujours les premières à souffrir du pouvoir des hommes. Wajma, une fiancée afghane illustre pleinement cet état de fait dans quelques scènes insupportables d'un père voulant brûler sa fille qui l'aurait déshonoré. On réalisera par la suite que ce père n'est certainement pas le pire de tous, ce qui ne nous rassurera pas.
Se croyant affranchie, Wajma va rapidement comprendre qu'elle n'existe pas, ou à peine, dans l'Afghanistan d'aujourd'hui. C'est le constat terrible d'un film légitime, indispensable à notre conscience du monde, trop didactique sans doute, mais plutôt bien mis en scène et justement interprété.