Il n’est jamais facile d’écrire une critique sur un chef d’œuvre. Par où commencer ? Sans doute par le sentiment que me laisse le film, celui d’avoir vu l’un des meilleurs films d’animation des années 2000. Wall-E est à la fois touchant, drôle, inventif et engagé (écologiquement parlant).
Troisième film du génie pixarien Andrew Stanton, après les réussites des 1001 pattes en 1998 et du Monde de Nemo en 2003, Wall-E est sans doute le film le plus aboutit du réalisateur. Le gaillard est loin d’en être à ses débuts, puisqu’il a également participé au côté de John Lasseter aux scénarios des 4 (et bientôt 5) Toy Story, ainsi qu’au script de Monstres & Cie. Une filmographie impressionnante, pour laquelle on lui pardonnera l’incartade en prises de vues réelles John Carter, 4 ans après Wall-E (un échec autant artistique qu’au box-office, qui lui a fait prendre conscience que son truc, c’était incontestablement l’animation).
Wall-E est véritablement une masterclass de la machine à succès Pixar : une histoire universelle, des personnages attachants, une animation très léchée et une bonne dose d’humour. Le tout saupoudré de petites références cinématographiques et musicales pour plaire également aux adultes. L'œil de l'autopilote de l'Axiom est par exemple une référence assumée à HAL 9000, l’ordinateur de bord de 2001 L’odyssée de l’espace. Le petit cafard de Wall-E se prénomme par ailleurs Hal, et la reprise de l’iconique musique du film de Stanley Kubrick est également présente. Les références ne sont pas que cinématographiques : le film compte aussi plusieurs clins d’œil à Apple, avec notamment l’Ipod que possède Wall-E, mais aussi avec le son du démarrage des vieux Macs qui est repris ici pour indiquer que les batteries du robot sont rechargées.
Côté scénario, nous sommes projetés dans un futur post-apo (le 30e siècle) où la Terre, ravagée par l’humanité, a été détruite par les années de surexploitation et de surconsommation. La planète est une décharge à ciel ouvert où plus rien ne pousse. 700 ans plus tôt, les humains ont quitté (abandonné devrait-on dire) la Terre et ont envoyé une armée de robots compacteurs d’ordures, les Wall-E, pour faire le ménage. De ces milliers de robots, il n’en reste qu’un seul en état de marche, qui continue de compacter méthodiquement les déchets. Cette routine est sur le point d’être rompue par l’arrivée sur Terre d’une sonde robotisée, EVE, chargée de trouver une preuve de vie sur terre, signe que la planète serait de nouveau habitable.
Il faut dire que le cinéaste a fait avec Wall-E un pari osé, celui de rendre attachant des robots. Le résultat dépasse toutes les espérances : à travers quelques expressions corporelles et des bruitages inventifs, on se prend immédiatement d’affection pour ces deux petites machines. L’un des éléments qui humanise WALL-E est par exemple sa capacité à ne pas détruire, mais conserver, stocker et collectionner chez lui certaines trouvailles d’une humanité passée. Pour l’anecdote, WALL-E est constitué des initiales de Waste Allocation Load Lifter Earth-Class, c’est-à-dire littéralement "Compacteur terrien de déchets". EVE, elle, est l’acronyme de Extra-terrestrial Vegetation Evaluator soit "Evaluateur de végétation extraterrestre".
Avec Wall-E, Pixar s’essaye avec brio à la science-fiction, tout en délivrant un message acéré sur la gestion actuelle du climat par des politiques qui foncent droit dans le mur.
Le film a été un énorme succès dès sa sortie en salles. En France, il a dépassé les 3,3 millions de spectateurs. Il s’agit en outre du premier film Pixar (et seulement le 2e film d’animation après La Belle et la Bête) a obtenir 6 nominations aux Oscars. WALL-E décrochera d’ailleurs sans difficulté la statuette pour la catégorie Meilleur film d’animation 2009.
Wall-E est une magnifique ode à l’amitié qui démontre, s’il était encore besoin de le prouver, l’immense savoir-faire des équipes Pixar et la capacité créative du studio. Par sa maturité et son humour référencé, le film est un contournable, pour petits & grands !