Voilà un film qui a le don de me mettre en colère ! Avec un message pour le moins indigent et qui me hérisse le poil. Une voix off prononce un texte extrait d’un ouvrage de Carl Sagan qui commence en affirmant que nous sommes frustrés malgré tout ce que nous a apporté la vie sédentaire, mais que nous n’avons pas oublié que nous sommes des nomades. Pour ensuite nous dire que notre survie dépend de notre capacité à découvrir des mondes nouveaux, qu’on peut attendre beaucoup de la conquête de l’espace et qu’il faut impérativement continuer dans ce sens. Notre salut, notre survie semble en dépendre.
Disons-le de suite, je n’ai rien contre la conquête spatiale, c’est tout à fait passionnant, et les épisodes récents de la sonde Rosetta répondent à notre besoin de rêver et à notre quête d’étendre le domaine de nos connaissances. Faut-il pour autant considérer qu’il ne s’agit que de la seule solution à la survie de l’espèce humaine ? Je ne le crois pas une seule seconde.
Mais ce qui me dérange le plus, c’est cette propension à toujours chercher une solution ailleurs, pour éviter de se remettre en question, ce qui a l’avantage de ne pas un seul instant interroger les responsabilités de notre mode de développement ou de notre mode de vie.
Ce qui me dérange, c’est cet optimisme un peu béat, cette croyance dans le progrès infini, dans la science et la technique qui nous permettront, forcément, de trouver une ou des solutions. C’est un peu la même chose avec le nucléaire, énergie formidable s’il en est, qui produit certes quelques déchets, mais notre foi en la recherche nous fait affirmer que ce n’est pas si grave, nous saurons toujours trouver une solution. Même chose avec le réchauffement climatique : c’est très ennuyeux, certes, mais la science permettra de refroidir tout ça, par exemple en envoyant du soufre dans l’atmosphère ou en versant du sulfate de fer dans l’océan. Pas besoin de se remettre en question puisqu’on peut tout réparer.
Notre planète connaît actuellement de graves difficultés et on peut en effet se poser la question de la survie de l’être humain à moyen ou long terme. Mais la conquête spatiale est-elle vraiment la solution à nos difficultés ? Bref, ce film, assez joli sur le plan esthétique, est pour moi avant tout révélateur de l’aveuglement de nombreux hommes, de leur foi sans limite dans nos capacités à toujours trouver une solution technique à nos difficultés. Un film révélateur de notre fascination pour l’aventure spatiale qui nous permet de nous bercer d’illusions : pour moi, il faut d’abord s’interroger sur notre action et tenter de trouver des solutions sur place : il y en a, même si elles seront assurément plus douloureuses et moins romantiques que d’envisager la colonisation de Mars…
Le film se termine même en nous disant que ces terres lointaines, ces planètes riches de promesse nous attendent. Allons bon ! Je n’ai rien contre à ce que nous nous y rendions, mais est-ce vraiment la première des priorités ? Et doit-on y placer un réel espoir ? Ce n’est pas en tout cas ce que je crois. Tout cela est pour moi illusoire, et à ce titre, je considère les idées véhiculées par ce film comme néfastes.