Quiproquo à la pelle
Réunir Johnny Hallyday et Renaud dans un même film il fallait osé. De plus, il y a une petite bataille musicale entre les deux. Enchainements de maladresses d'une équipe de choc mal embarquée.
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le 31 déc. 2015
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Ce qu’il y a de bien avec les acteurs internationaux comme Depardieu, c’est qu’on peut leur faire faire des ovnis. Lui avait déjà Une Femme ou deux & Green Card à son palmarès de part & d’autre de l’océan, des films malaimés parce qu’ils semblent être tellement entre les USA & la France qu’ils… tombent à l’eau. Moi, je les aime bien, or Crime Spree a encore quelque chose en plus.
Parfaitement bilingue, réalisé par un natif d’Hollywood qui habitait Paris, le film rassemble Renaud & Hallyday comme pour faire un immense gag en même temps qu’un pied-de-nez à toute attente. Évidemment, les deux rockeurs jouent de l’inside joke, car quoi de plus beau qu’un duo musical emblématique dont on aime à fantasmer l’inimitié pour donner à une œuvre sa personnalité ? C’est un peu facile, même si les responsables du casting auraient leur mot à dire là-dessus. Peut-on dire ”artificiel”, alors ?
Sûrement un peu si l’on gobe la partie de l’œuvre adressée au petit Français sans se préparer à celle qui parle au petit Américain. Avec Harvey Keitel jouant sur son propre terrain & la bande de Français de l’autre, Mirman réalise un mélimélo sans aucun sens qui deviendra le casus belli d’une guerre de spectateurs. Si le film ne ravive pas notre haine historique des Américains, on ressent l’envie de l’être soi-même pour le voir avec d’autres yeux. Dans ce registre, Depardieu qui yaourtise devant un autochtone chicagoan, c’est précieux. C’est un de ces moments où le cinéma, même comique, immortalise la culture comme si l’on avait appris à photographier une ambiance, & l’on réalise la variété des visions qu’on peut avoir sur un tel instantané.
En parlant de comédie, on s’oublie un peu chez un scénario qui porte parfois sur de l’humour noir dispensable (pourtant j’adore ça). Mais le choc culturel est trop savoureux pour qu’on ne se délectât pas de ses intrications parfois difficiles à suivre. Le plus beau reste cependant à venir : la transformation. Mirman n’a pas fini de nous démontrer qu’il maîtrise les deux pays sur le bout des doigts (à défaut de les faire se rencontrer proprement), car il retrouve une magie qu’on n’avait pas osé réveiller depuis Le Gendarme à New York : le sol étasunien exerce une influence étrange sur les franchouillards qui se métamorphosent soudain sous les angles d’une caméra devenue caméra d’action.
Il ne faudrait pas aller jusqu’à dire que Mirman était visionnaire – après tout, il utilise non ironiquement l’accélération des images comme trompe-l’œil – mais on manque tellement de repères chez lui qu’il est difficile d’adopter une vision globale : il y a toujours un gag qui dépasse, où un policier trop sordide, bref : un inattendu qui se précipite quand on veut fermer la valise du film de genre.
Quelques certitudes ont toutefois la vie dure : Renaud & Hallyday sont gravement sous-exploités, & Harvey Keitel fait toujours peur, même si ses proies sont de pauvres Français qui commandent du vin dans un diner. Amis des coproductions pétillantes & naïves, précipitez-vous.
Créée
le 25 déc. 2019
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