Gina Gammell et Riley Keough nous font suivre les parcours de deux jeunes indiens Oglala Lakota, dans un portrait doux-amer et désenchanté d'une population abandonnée depuis trop longtemps. Sans jamais tomber dans le misérabilisme, car le film expose tout autant les choix que les non-choix, il suit la route de Bill, la vingtaine et deux enfants en bas âge dont il s'occupe à peine, qui tente de s'en sortir en mélangeant combines, audace et fausses bonnes idées. Il finit par servir un couple de riches blancs qui attendent de lui qu'il soit le domestique idéal, le « bon indien », dans une condescendance et une violence morale à peine masquée et même sur la fin une violence physique affichée. Matho, plus jeune, tente de survivre entre parents démissionnaires, drogue, violences domestiques et indifférence.
Parfois dur, parfois tendre, le film mélange également le symbolisme avec l'apparition récurrente de bisons et d'araignées, deux esprits majeurs de la cosmogonie lakota qui interpellent les protagonistes sur leur force intérieure ou la malice de leurs destins contrariés. Le film est par ailleurs porté par une photographie qui rend honneur aux grands espaces et aux intérieurs encombrés mais chaleureux, ainsi que par une belle interprétation. C'est toute cette réalisation, technique et jeu qui apportent une grâce et une sensibilité au film.
Peut-être un petit peu long, War Pony est lancinant et souligne encore une fois la difficulté de vivre dans un monde qui ne vous offre aucune perspective. La scène finale, malgré son côté revanchard jouissif, ne peut conduire qu’à un retour en arrière, comme une brève parenthèse active dans une réserve figée.