Sans aucun doute l’un des films les plus attendus en cette année 2016, si ce n’est LE plus attendu ! Et pour cause, derrière ce long-métrage d’heroic fantasy, une multitude de fans serrent les fesses pour avoir le verdict final : l’adaptation de leur série vidéoludique signée par Blizzard Entertainment vaut-elle le détour après tant d’années à patienter (soit une bonne décennie) et à voir le projet passer entre les mains de divers réalisateurs ? Sans compter qu’au cinéma, les films tirés de jeux vidéo n’ont jamais su tirer leur épingle du jeu (juste Silent Hill, et encore !). Alors que les choses semblaient avoir trouvé le bon réalisateur en la personne du fils de David Bowie, Duncan Jones, il n’y avait aucun raison pour que le projet se vautre ! À l’arrivée, c’est avec une profonde déception que j’annonce haut et fort que le film Warcraft est à l’image des blockbusters hollywoodiens outranciers tels que Jurassic World sortis récemment qui prennent les spectateurs pour de parfaits abrutis. Et malgré les millions de fans, j’assume mes propos et je persiste à m’y tenir !


Mais je vais commencer par les atouts du film. Commençons d’ailleurs par son univers visuel ! Si la question de savoir s’il aurait mieux fallu faire un film entièrement en animation ne se pose même plus (le décalage entre les effets spéciaux et le réel est assez flagrant et sonne artificiel), nous ne pouvons qu’admirer le travail d’ILM qui a su retranscrire comme il faut l’univers du jeu vidéo, en détails et avec un panel de couleurs agréables pour la rétine. Le mérite revient surtout à la représentation des Orcs, personnages numérisés à la perfection niveau texture et de l’expression des visages (impliquant l’utilisation de la motion capture), qui s’avèrent être bien plus attachants et intéressants que les humains. Et étant donné que nous sommes dans l’aspect technique du film, poursuivons avec les bruitages, tout bonnement aux petits oignons (la puissance des coups donnés par les Orcs se ressent avec fracas), et également la musique orchestrée par Ramin Djawadi (Game of Thrones) qui reflète le côté barbare et spectaculaire de l’aventure. Malheureusement, les atouts s’arrêtent là…


Je dois bien avouer que ce qui va suivre s’avéra être de l’ordre de la subjectivité et non de l’objectivité. En effet, n’étant pas un fan du jeu vidéo, j’ai moins été emballé que par les aficionados, qui eux apprécieront le film pour ce qu’il est. Mais quelque part, c’est bien là que réside le problème, Warcraft leur étant destiné et à personne d'autre. Ils se délecteront de retrouver cet univers, ces lieux qui leur sont emblématiques, ces personnages mythiques… bref, ils en auront clairement pour leur argent ! Quant aux autres, ils pesteront contre ce qui se présente comme un impressionnant foutage de gueule se contentant de sa base fan pour avoir du succès et exister. Que même s’il ne plaît pas, il saura au moins rembourser amplement son budget parce qu’il y a plusieurs millions de personnes prêts à effecteur sans regret le déplacement pour le voir.


Un profane comme moi, lui, se sentira perdu devant cette débauche visuelle de vide intersidéral. Il devra supporter deux heures de film durant lequel lui seront jetés à la figure sans aucune présentation ni explication décors, personnages et autres détails de ce genre. Par exemple, nous n’avons aucunement le droit à une évocation de ce qui lie les différentes races de ce monde (Humains, Elfes, Nains) si ce n’est une histoire de paix vite évoquée. Ou encore le mage Medivh, qui semble avoir un passé tortueux pour expliquer ses ambitions mais jamais cité ici. En gros, il faut avoir un minimum de connaissance des bases de l’univers des jeux Warcraft pour comprendre ce qui se passe à l’écran. En résulte un total manque d’intérêt vis-à-vis du long-métrage, qui paraît pour le coup long et ennuyeux, ne parvenant plus à cacher ses défauts qui enfoncent le clou de la médiocrité.


Si les fans pourront faire fi des tares de ce projet, hypnotisés par ce que leur offre le réalisateur et Blizzard, les autres ne pourront taire ces dernières. Comme le fait de faire face à un divertissement diablement fade et vide au possible, enchaînant répliques idiotes (les pires que j’ai pu entendre dans un blockbuster de cet acabit), personnages édulcorés comme ce n’est pas permis (sauf quelques Orcs) et incohérences monstrueuses (une romance sortie de nulle part). La palme revenant à Duncan Jones qui, même s’il révèle une certaine maîtrise en matière de gros film à effets spéciaux, loupe totalement le coche en ce qui concerne sa carrière. Alors qu’il avait marqué les esprits avec des films tels que Moon et Source Code, il se donne ici à une imbuvable impersonnalité pour donner aux fans ce qu’ils veulent, sans jamais se surpasser. Il suffit de voir la bataille finale, qui manque incroyablement de panache et de spectaculaire. Je ne m’attendais pas spécialement à une redite du Seigneur des Anneaux, mais un minium aurait été préférable !


Fans, le film vous plaît ? Vous a émerveillé ? C’est tout à votre honneur ! Mais avouez qu’un film qui ne se contente que de vous pour exister et ignorant les autres spectateurs, éventuels futurs joueurs, c’est plutôt insultant ! Ce qui renforce encore plus l’aspect commercial de Warcraft et son incommensurable prétention d’être les prémices d’une nouvelle franchise cinématographique, qui prendra naissance grâce à vous. Nous autres, on s’en serait bien passé franchement… Parce que des pertes de temps, nous en avons un peu trop souvent dans les salles obscures depuis ces dernières années !

Créée

le 24 juin 2016

Critique lue 516 fois

7 j'aime

6 commentaires

Critique lue 516 fois

7
6

D'autres avis sur Warcraft : Le Commencement

Warcraft : Le Commencement
Paradox
7

Le meilleur moyen de ne pas être déçu, c'est de ne rien attendre

Voilà ce que j'avais en tête concernant cette adaptation du jeu phare de Blizzard. Non, je n'attendais vraiment rien, qu'une nouvelle adaptation décérébrée, vidée de son intérêt, mélangeant CGI...

le 24 mai 2016

79 j'aime

11

Warcraft : Le Commencement
Xidius
6

Hollywood : The Burning Crusade

Warcraft est un film curieux, protéiforme, et en fin de compte fragile. On y sent un potentiel fou, un metteur en scène doué qui ne démérite pas dans sa capacité à aborder son sujet avec déférence...

le 25 mai 2016

73 j'aime

29

Warcraft : Le Commencement
Pseek
8

Zug Zug

Je me disais en allant voir Warcraft que j’apprécierais au moins la séance pour le fanservice, à repérer calmement le moindre petit détail de ce nanar annoncé, mais ce ne fut pas le cas, autant pour...

le 24 mai 2016

69 j'aime

18

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4