Warcraft est un film curieux, protéiforme, et en fin de compte fragile.
On y sent un potentiel fou, un metteur en scène doué qui ne démérite pas dans sa capacité à aborder son sujet avec déférence mais le tout ne cesse d’être nivelé par une production qui semble avoir lâché l’affaire en cours de route. Trop court pour ce qu’il veut raconter, trop délayé pour offrir une porte d’entrée facile à ceux qui n’ont jamais abordé l’univers vidéoludique, et très étrange visuellement, en montrant ce dont il est capable sans transcender son esthétique par manque de moyens.
Pour autant, en ce qui concerne votre serviteur, Warcraft est loin d’être désagréable, sans doute pour la simple et bonne raison qu’il ne ressemble à rien de ce qu’on voit sur les écrans en ce moment.
Déjà parce qu’il sort de l’équation super-héroïque qui régit Hollywood ces temps-ci, ensuite parce qu’il est ouvertement plus fantastique qu’un Game of Thrones, et qu’il n’a rien à voir en terme de tonalité et d’esthétique, et enfin parce qu’il tente tant bien que mal de donner chair à son univers par une dramaturgie forte. Passé le plaisir de redécouvrir certains éléments familiers pour les joueurs, on a juste envie d’approfondir cet univers qui ne demande qu’à exploser pour prendre toute son ampleur et sa démesure, et qui est manifestement animé par des personnes concernées parce qu’elles font, sans jamais chercher à niveler vers le bas ou à trop céder à la facilité. Compte tenu les enjeux contradictoires autour de l’entreprise, son accomplissement paraît après coup impossible mais Duncan Jones ne semble jamais baisser les bras.
Si ce premier essai en demi-teinte échoue à prendre le relais de Peter Jackson, il n’en reste pas moins attachant et montre qu’il est possible d’aborder les adaptations vidéoludiques avec sincérité, devenant une lueur d’espoir pour la suite.
Critique complète sur CloneWeb.net