Warcraft: C̶i̶v̶i̶l̶ ̶W̶a̶r Le Commencement
Voilà un projet qui doit avoir mal aux épaules tant les enjeux sont importants; démentir la réputation peu élogieuse des adaptations de jeux vidéo sur grand écran, mettre en scène un univers riche et complexe qui a la particularité de changer souvent (les fameux retcon) et lancer Blizzard (l'éditeur du jeu) dans un domaine qui lui était encore inconnu. Quand on passe derrière Peter Jackson dans l'heroic fantasy et qu'on nage au milieu du rythme frénétique des sorties des Blockbuster Marvel et DC, faire un hybride avec un réalisateur attaché à son indépendance créative c'est comme faire de la corde à sauter sur une poutre ardente au sommet du mont Fuji: pas facile.
Alors comment s'en sort notre poulain? Très bien figurez-vous.
- Le scénario est très correct, c'est toujours le problème avec les films au dessus de 50 millions de budget, les scénaristes demandent trop d'argent résultat on se passe de scénaristes. Ici, c'est une autre paire de manche, on a affaire à Blizzard. Ce sera toujours criticable, mais l'alchimie entre fan-service et histoire grand public est très habile et permet d'éviter tout sentiment de frustration venant d'un public comme de l'autre. Sans faire du Christopher Nolan, l'intrigue se déroule logiquement et étale correctement ses enjeux sans qu'on ait à se tordre de douleur en s'exclamant "mais pourquoi ?". Pas d'exploration, pas de quête ni de compagnie, ici on a le droit à un affrontement musclé mais intelligent. C'est un film de guerre alors? Pas vraiment, on voyage presque autant qu'avec Frodon; le film réussit le tour de force de présenter tout un univers autour de son intrigue sans s'en éloigner.
- L'image est... étrange, c'est le moins qu'on puisse dire. Le mix CGI/Live est on ne peu plus atypique. J'ai personnellement mis du temps à m'y adapter mais passé le cap du cache-cache avec le fond verre, on y rentre facilement. Avatar? C'est oublié, voici la nouvelle référence en terme d'effet spéciaux, la première cinématique Blizzard de 120 minutes: un régal.
- Coté mise en scène il y a du très bon, l'ami Duncan s'est ramené avec sa valise de bonnes idées, au final on peut s'amuser à compter les plans inédits, ajoutant à la beauté du métrage. L'ambiance, la photographie, les blagues, les clins d’œil... C'est un sans faute. La partition est très adaptée, proposant des thèmes de World of Warcraft mêlés à de nouveaux morceaux, mais c'est tout de même sans surprises (il faut dire que Ramin Djawadi ne surprend plus beaucoup, il s'enferme dans son style).
- Enfin les prestations sont plus mitigés. Les orcs s'en tirent avec les honneurs tandis que les humains peinent à leur tenir tête. Si le roi (Dominic Cooper) et Medivh (Ben Foster) sont un peu mollassons, Lothar (Travis Fimmel) agace avec ses airs de grand guerrier décomplexé, il ne se donne même pas la peine d'être arrogant. Gros regret sur Garona (Paula Patton) qui ressemble à un cosplay raté.
Petite mention pour le fond, puisque les thématiques abordés (peut-être très succinctement pour certaines) sont tout de même assez diverses: écologie, politique, courage, amour, devoir... Mais surtout, et c'est assez proéminent: valeurs, traditions et points de vue.
Pour conclure, malgré sa carrure de mastodonte, quelques personnages peu convaincants et une poignée de séquences tirés par les cheveux, Warcraft c'est avant tout DU FUN avec son lot de scènes de combat viril et d'incantations tardives non sans introduire un peu d'intelligence et de subtilité.