Le MMA, freefight, ou encore combat libre, c'est l'art de se donner des coups de tatanes sur un ring tout en respectant des règles bien établies, à l'inverse des idées reçues sur ce sport. Combat libre ne signifiant pas que l'on puisse faire n'importe quoi, mais simplement que toutes les techniques de combats sont autorisées, permettant des rencontres opposant Judo au Ju Jitsu Brésilien. Cette explication technique passée, on espérait que cette production, qui pour une fois bénéficie d'un gros budget, d'un grand casting et d'une vraie exploitation (à l'inverse de tous les nanars estampillés Tapout qui sortent en direct-to-video), vienne éclaircir les choses et apporter un peu de noblesse à ce sport, tout comme Rocky en son temps. Manque de bol, c'est totalement raté. On a le gentil prof qui se bat pour remporter le magot (le MMA qui rapporte de l'argent, première nouvelle...), les gars se cognent sans jamais saigner (ce qui semblait plutôt logique, l'UFC étant la poubelle télévisée du MMA, et arrêtant les combats à la moindre plaie, ce qui va en opposition totale avec le final totalement absurde, et qui dans le monde réel — celui dans lequel nous vivons — n'aurait jamais été concevable) et évidemment le coup du combat final entre les frangins est téléphoné au point que l'on sait dès les premières minutes comment ça va se terminer, ce qui a le don d'agacer, surtout quand la pellicule dure 140 minutes, et qu'elle dispense en flux tendu un républicanisme de bas-étage, au point que sa tagline aurait pu être « Travail, Famille, Patrie ».
Bref, Warrior est un film un peu foiré, réalisateur et scénaristes n'ayant pas l'air de trop savoir de quoi ils parlent, ou alors s'amusant à adapter le MMA pour servir une trame usée au possible (et également du grand spectacle, même si les combats sont mal filmés, mal structurés, et paraissant aussi faux que les nichons de Pamela, auxquels on ajoutera le fait que Tommy se batte sans coach, ce qui est interdit). Rivalité entre frères qui n'ont pas connu la même affection (ou plutôt intérêt) paternelle, et dont l'un la cherche, alors que l'autre n'est là que pour l'argent, pardon presque impossible envers un père ancien alcoolique qui cognait sur sa femme, en somme c'est trop peu et trop tard (pour paraphraser Shannen Doherty dans Mallrats — admirez la référence), surtout après The Fighter. Reste une unique scène, hors du ring, à l'hôtel, où père et fils se retrouveront dans un moment unique de grande interprétation signée Nick Nolte.
D'ailleurs, la seule chose qui sauve la barque c'est l'interprétation du triptyque central. On a tout d'abord Thomas Hardy, brillant, qui incarne à la perfection son personnage tout en le rendant détestable, au point qu'il ne suscitera pas la moindre empathie auprès du spectateur (à l'inverse de ses rôles de Bronson ou Shinzon). Vient ensuite Joel Edgerton, crédible en homme désoeuvré qui se bat pour les siens, et pour finir, Nick Nolte, probablement le meilleur des trois, prouvant encore une fois que les rôles de vieux roublards sont ceux qui lui vont toujours le mieux, et il n'aura d'ailleurs pas volé sa nomination aux Oscars.
Pour conclure, si le MMA est votre grande passion et que les scénarios éculés et suintant le patriotisme vous agacent, il vous sera difficile d'accrocher à l'oeuvre, si ce n'est pour son casting. Dans le cas contraire, vous pourrez toujours suivre cette aventure laladand et ses invraisemblances ne vous poseront pas le moindre problème.
Mention spéciale pour le trio Hardy/Edgerton/Nolte, qui sont les vrais « Warriors » du film. Il fallait vraiment pas mal de talent de comédien pour lui éviter d'être une totale plaie à suivre.