Surtout évitons l'angélisme !
J'ai retrouvé dans ce documentaire tout ce qui fait que j'adore le travail de Vik Muniz mais aussi tout ce qui me donne souvent envie de lui donner une bonne petite gifle.
Cet artiste n'est pas foncièrement différent de nombre de génies, totalement ambivalent et donc passionnant. et en cela "Waste Land" est cohérent car totalement à l'image de l'artiste. Bien sûr sa vitrine est le récit incroyable de la vie de ces trieurs d'ordures, personnages incroyables bravant la mort, jonchés sur la plus grande décharge à ciel ouvert du monde. Pour nous amener jusqu'à eux, on nous propose de suivre Vik Muniz dans un projet un peu fou, à la fois artistique et humanitaire. Et c'est là que se glisse le caillou dans la chaussure : quelle part d'artistique, quelle part d'humanitaire ? Et donc où se situe la réelle générosité de l'homme et le narcissisme de l'artiste ? Pour qui s'intéresse au bonhomme, il est facile de comprendre qu'il n'y a point de gratuité dans son acte. Une volonté réelle de donner c'est certain, mais en n'oubliant jamais ce qui devrait lui revenir en retour.
Les grands artistes, en tant qu'hommes de pouvoir, ont souvent l'illusion de pouvoir transformer la vie des "malheureux", en oubliant bien souvent le service après-vente. "Après moi le déluge !". Et ce point est malheureusement limpide dans ce "Waste Land" : 99% du récit est consacré à la mise en parallèle de la création de l'œuvre et de la transformation de la vie de ces "trieurs". L'art (et donc Vik Muniz) serait donc capable de transcender le malheur, même le plus ancré.
Ce documentaire est donc clairement à voir, pour le grand artiste qu'est Muniz, pour ces "trieurs", héros modernes d'une société à l'agonie. Mais à voir avec SENS CRITIQUE !