« Waste Land » est le 3ème et dernier film composant la trilogie intitulée « Anatomie de l’amour et de la douleur » de Pieter Van Hees. « Left Bank » sorti récemment en DVD, dans lequel on croise Matthias Schoenaerts dans l’un de ses premiers rôles, et « Dirty Mind » inédit en France en sont les deux premiers volets. Ce dernier opus qui se lit parfaitement comme un film à part entière narre l’histoire de Léo, inspecteur à la criminelle de Bruxelles devant faire face à une affaire sordide et parallèlement à la grossesse de sa femme, le confrontant à sa peur d’être père.
C’est en compagnie de Jérémie Renier, remplaçant un Matthias Schoenarts très occupé dernièrement, que nous plongeons dans les bas-fonds d’un Bruxelles dévasté. La ville, décor du film, qui aurait du être un personnage à part entière n’est ici qu’esquissée. Voir cette intrigue s’y dérouler présageait quelque chose de bon. Capitale européenne, elle était le théâtre idéal de cette investigation sur fond de choc culturel et de rédemption nationale post-coloniale. Formellement référencé, le film s’applique à poser un décor glacial des plus anxiogènes comme avec cette scène d’introduction qui nous montre des gens en plein sommeil sur des bancs, si lourdement endormis qu’ils en paraissent morts. Malheureusement impossible pour la mise en scène de faire corps avec l’histoire, et c’est très vite que l’on décroche face à un récit gratuitement alambiqué. Les thématiques sont ici enfilées comme des perles, les unes à la suite des autres, sans jamais être réellement traitées.
L’enfant tant attendu et craint, sensé ramené l’équilibre du couple est appelé Adam, rien que ça. Le film ne recule devant rien et n’a pas peur du symbolisme à outrance, et sombre parfois dans le grand guignol, et en partie grâce au grand sérieux de l’ensemble. Dans son dernier tiers, il imbibe le tout dans un mysticisme malvenu, nous perdant pour de bon. Le choix de la narration, structurée sous la forme d’un compte à rebours autour de la grossesse de sa femme ne réserve du coup aucune surprise quant à l’évolution de Léo. Dans l’ensemble Jérémie Renier s’en sort honorablement, bien que le potentiel de son personnage à la poursuite de lui-même ne soit qu’effleuré, il n’est guère épaulé par les piètres prestations des autres comédiens.
Échouant sur les deux tableaux, politique et humain, Pieter Van Hees n’arrive jamais à se hisser à la hauteur de ses modèles. De ce salmigondis sans nuances, la technique n’a pas grand chose à se reprocher, même si la bande son est souvent caricaturale. Par ailleurs, impossible d’éprouver une once d’empathie pour Léo, même si tout est mis en place pour ensorceler le spectateur, le film possédant des qualités indéniables. Sauf qu’elles sont totalement dévorées par l’ambition de l’ensemble. Épaissir le scénario aurait évité de faire passer « Waste Land » pour un mauvais épisode de la série « Engrenages ».
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