Ce matin, chien crevé sur mon écran.
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le 21 oct. 2010
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Sur le papier, confier l'œuvre phare d'Alan Moore à Zack Snyder a de quoi désarçonner. Pas que le dernier soit dénué de qualités, mais très éloigné d'un truc qu'on appelle la subtilité (cf. 300, film assez problématique adapté du problématique roman graphique de Frank Miller). Passer de Miller à Moore, c'est carrément changer de galaxie à ce niveau-là.
Watchmen fait toujours figure de modèle Béhémoth de par son traitement résolument désenchanté et âpre concernant les super-héros, bien loin des aventures bariolées en forme de tract propagandiste. Partant sur l'idée d'une uchronie ayant vu Nixon être réélu et le nord-Vietnam vaincu, Moore dressait un état des lieux on ne peut plus déplorable d'une Amérique engoncée dans une idéologie sectaire, traquant ceux qui échappent à son contrôle, dont les super-héros. Bref, autre chose que le délire bourrin ultra-macho à base de sang qui gicle et de bovins qui couinent.
Ne vous attendez pas à voir Snyder opérer un virage à 180°. Le larron n'a rien perdu de certains tics formalistes assez agaçants (ralentis à go-go, stylisation outrancière). Il doit également faire face à la longueur de son film (2h45), sûrement due à une volonté de transposer le maximum de son matériau source. Or, un tel projet d'adaptation me semble plus réussi quand certaines coupes ou ajustements sont décidés. Le script de David Hayter (à l'écriture sur les deux premiers X-Men) est tout à fait respectueux de l'œuvre, il n'y avait plus qu'à l'habiter. Hélas, Snyder se révèle maladroit dans les choix narratifs, le film pâtit de plusieurs ventres mous et d'un montage perfectible.
Par contre, les fans de Moore seront heureux de constater que Snyder n'a pas perdu de vue ce qui faisait le sel de Watchmen. Le cinéaste nous tricote un univers visuellement fascinant, où la pourriture rode dans tous les recoins. La violence et les questions morales soulevées par les comics ne sont pas absentes de son adaptation. Il parvient à restituer l'essence de la trame autant qu'à dépeindre les "héros" du jour. Leurs interprètes sont tous absolument parfaits, même si l'affection variera d'un membre à un autre.
Ma préférence va à Jackie Earle Haley (qui campe Rorschach, le marginal affublé d'un masque aux taches mouvantes) qui explose littéralement de charisme. Il y a aussi Billy Cudrup, magistral en Dr Manhattan, Superman légèrement misanthrope. Jeffrey Dean Morgan est également impayable en Comédien, aussi bon dans les horreurs que dans cabotinage...à moins que? Ces trois-là trônent sur le film car ils diffusent un malaise rarement ressenti pour dépeindre des figures soit-disant héroïques. Les autres, de Patrick Wilson à Malin Ackerman en passant par Matthew Goode, sont aussi bons et complètent les trois premiers, avec des personnages lumineux en surface.
Niveau la Bande Originale, les fans de la pop culture vont être aux anges. Elle se sert de presque tous les artistes iconiques de la période 60/70, mêlant Jimi Hendrix, Leonard Cohen ou Bob Dylan. Peut-être un peu trop lourd, mais comment résister sur la durée ?
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Créée
le 28 juil. 2019
Critique lue 86 fois
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