Une grande fresque historique comme on n'en fait plus avec des figurants à perte de vue qu'on a carrément été réquisitionner par milliers dans l'armée rouge (les joies du soviétisme, plus fort que toutes les aides du CNC). Le film se distingue notamment par le soucis qu'il a d'une certaine fidélité historique, allant jusqu'à raser des collines pour coller à la reconstitution topographique des lieux, au détriment parfois de la narration et du rythme. En effet malgré cette ébauche d'efforts et de moyens la bataille de Waterloo reste hélas presque illisible, le film ne réussit pas à proposer un panorama géo-stratégique suffisamment clair pour le spectateur lambda.
Un exercice difficile il est vrai mais étant donné qu'il s'agit de l'ambition principale du projet c'est un peu enquiquinant de rester dans le flou pendant tout le truc. Néanmoins le gigantisme est au rendez-vous aidé par une réalisation grandiloquente un peu phagocytée par des zooms intempestifs, on croirait presque un gamin qui vient de découvrir la fonction sur son caméscope et qui l'utilise à tord et à travers. Pour une production soviétique on est loin des films d'époque du camarade Eisenstein et de la propagande qui allait généralement avec, le point de vue est même relativement impartial et ne s'aventure jamais trop dans l'individualisation des personnages historiques. Le casting cosmopolite fonctionne, Christopher Plummer tire son épingle du jeu en campant un duc de Wellington tout en flegme britannique mais il manque à Rod Steiger le fameux accent méridional indispensable pour le rôle de Napoléon.