Pour sa première réalisation, Christopher McQuarrie se lance dans de polar noir. Il y a tous les codes du polar dans Way of the Gun, le gangster et la tenue de gangster (costume noir, cravate, lunettes de soleil noires), le kidnapping et la demande de rançon, la valise d'argent et le revolver.
Mais son originalité vient du fait que c'est filmé et traité comme un western bien âpre des années 70 à la Sam Peckinpah. Les emprunts et les références sont très nombreux à La Horde Sauvage, mais aussi et surtout à Butch Cassidy and the Sundance Kid de George Roy Hill.
Les deux ravisseurs Benicio Del Toro et Ryan Phillippe sont la copie conforme de Paul Newman et Robert Redford dans Butch Cassidy and the Sundance Kid, mais ici en version beaucoup moins sympathiques. Il n'est nullement question ici de les rendre attachants, ce sont deux vrais bad guy prêts à tout, y compris tuer des innocents, pour remporter les 13 millions de dollars de la rançon. Il est donc difficile de s'identifier à eux.
Et en face nous avons le clan des gangsters avec son porte-valise James Caan, dans un rôle de grand caïd qui décidément lui va si bien (la trilogie Le Parrain, Le Solitaire, The Yards ...). Inutile de vous dire qu'ils sont encore moins sympathiques que nos deux ravisseurs de service et là non plus il ne faut nullement chercher la moindre tentative du réalisateur à susciter de l'empathie chez le spectateur.
Et coincée entre les deux camps qui s'affrontent, nous avons Juliette Lewis, objet du kidnapping des deux ravisseurs et accessoirement mère porteuse du future fils du boss des caïds. Juliette Lewis sera le seul rayon de soleil de tout le film, ne cherchez pas ailleurs c'est là et uniquement là que vous trouverez un peu de réconfort. Et encore que, elle est le point d'accoucher, ce qui rend sa situation encore plus inconfortable qu'elle ne l'était déjà.
Way of the Gun ressemble à son auteur, avec son récit aux nombreuses pistes enchevêtrées, beaucoup de personnages et une narration confuse. Ce n'est donc pas un film aimable au premier abord et il va mettre vos méninges à dure épreuve, mais si vous surmontez cet écueil, vous devriez apprécier l'expérience. Le film est vraiment soigné sur la forme, une atmosphère pesante, une BO magnifique et une interprétation impeccable (le casting cinq étoiles aide bien aussi).
Et puis le film contient également pas mal de second degré fort appréciable, une scène de bagarre improbable et sans la moindre justification scénaristique pour ouvrir le film, une scène de poursuite en voiture grotesque digne d'un Charlie Chaplin ... et des cadavres, vraiment beaucoup de cadavres.
Non vraiment, Way of the Gun est une jolie pépite cachée, une perle méconnue à cause de son cuisant échec au box office. Si vous aimez les polar noir et si vous aimez les western âpre, je vous recommande vraiment l'expérience Way of the Gun.