Hier soir, j'ai tenté une fois encore de montrer à ma chère et tendre un de mes films cultes. Un film que j'ai dû voir une bonne centaine de fois et qui me fait toujours autant rire, qui me procure un bien fou, et ce en toute circonstance. Mais cette fois, la mayonnaise n'a pas prit sur l'élue de mon coeur. Et visionner une oeuvre chérie pendant que votre moitié semble être hermétique au spectacle, constitue une expérience plutôt déplaisante, comme si l'on se retrouvait projeté à l'école, totalement démunie face au regard réprobateur d'un enseignant goûtant peu votre copie.
Ce film en question, c'est bien entendu "Wayne's World", film culte pour toute une génération biberonnée au Pepsi et à MTV, réalisé en 1992 par Pénélope Spheeris, bien plus connu pour ses rockumentaires que pour ses comédies. Tiré d'une série de sketchs imaginés par Mike Myers et diffusés lors du mythique Saturday Night Live, "Wayne's World" s'approprie la contre-culture grunge saupoudrée de hard rock et de séries B, la régurgite à sa façon pour laisser fumante sur le sol une gigantesque flaque de vomie acide et bariolé, aux multiples influences.
Ne prenant jamais de haut le monde qu'il met en scène, "Wayne's World" aura également permit aux jeunes spectateurs de l'époque de (re)découvrir des standards momentanément camouflés par la soupe insipide qui émanaient des radios à cette période, le film de Spheeris étant un immense hommage à des groupes comme Queen, Alice Cooper, Slaughter ou le Jimi Hendrix Experience.
Habité par des personnages sacrément attachants et délicieusement frappadingues (big up pour les apparitions d'Ed O'Neil), porté forcément par son excellent duo formé par Myers et cet ovni de Dana Carvey, "Wayne's World", plus qu'une simple succession de sketchs (ce qu'il peut être parfois), joue efficacement avec la narration, la triturant à son envie, avec la complicité évidente du spectateur, se dépatouillant royalement avec les limites imposées par ce genre de production, en témoignent l'utilisation remarquable des sponsors et une fin à choix multiples.
Comme le remarqua ma walkyrie, "Wayne's World", comme tout film générationnel, ne parlera peut-être qu'à ceux et celles ayant grandis avec, et pourra laisser de marbre beaucoup de monde malgré des qualités évidentes et un énorme capital sympathie. Dommage pour ces gens-là, à qui je ne jette certainement pas la pierre, reconnaissant que la mégateuf de Myers et Carvey étant effectivement bien particulière. Pour ma part, je continuerais à faire voltiger ma crinière en voiture au son de "Bohemian Rhapsody", à jouer le riff "je peux vous aider" quand je poireauterais trop longtemps à la Fnac, et surtout, à ne pas me prendre trop au sérieux une seule seconde.