Installé depuis deux ans parmi les meilleurs acteurs de la planète, vainqueur d’un Oscar et star d’une série à grand succès, Matthew McConnaughey a su ranger derrière lui quinze années de comédies romantiques aux ambitions faiblardes. Mais, au cours de cette période où l’acteur s’est « perdu », il a quand même su titiller le drame, notamment par le film We are Marshall, sorti en 2006.
Tiré d’une histoire vraie, We are Marshall raconte l’histoire arrivée à l’université Marshall, de Virginie Occidentale, et particulièrement à son équipe de football américain, les Thundering Herd. Le 14 novembre 1970, après une défaite mal vécue par toute la ville d’Huntington, où est située l’université, l’équipe prend l’avion pour rentrer. Ce vol verra périr 75 personnes, dont 71 joueurs et membres du staff des Thundering Herd. Le film se concentre sur la reconstruction du club par son nouvel entraîneur, Jack Lengyel, incarné par McConnaughey.
Malheureusement, alors qu’on est bien installé devant un film de sport US comme savent très bien les produire les Américains, « Je te paierai une bière quand je serai de retour », dit l’entraîneur à un ami avant de monter. Ce même entraîneur qui dit « On sera bientôt chez nous » à ses joueurs, qui l’applaudissent en entendant ça. « On se verra demain », dit l’un des joueurs à sa petite amie, qui, elle, ne prend pas l’avion. Et ça ne manque pas, on a aussi droit à la réaction de tout le village, foyer par foyer, commerce par commerce. Un début pathos qui tranche avec la phrase d’accroche de ce film: « la communauté fait face en aidant le nouvel entraîneur à mettre en place une nouvelle équipe ». Et le pathos va continuer, un angle de vue adopté pendant tout le film et qui, en plus d’être pesant dans un film qui devrait prôner l’optimisme, est vite redondant.
A cela s’ajoute un sensationnalisme facile et une envie de tirer la petite larme, comme les Américains en ont l’habitude, qui est ici bien faite mais sonne parfois faux, voire creux. La petite musique en fond, présente quasiment en permanence pendant la première demi-heure, se fait trop entendre pour provoquer quelque sentiment que ce soit. Les scènes émouvantes s’enchaînent sans laisser la place aux autres. L’histoire n’avance pas, elle est ralentie par cette envie de montrer que tout le monde est triste, tout le monde pleure. Mais ce n’est pas le sujet du film. Le réalisateur cherche seulement à gagner du temps, et ça peut inquiéter. D’autant que le film dure plus de deux heures, il n’est donc pas forcément nécessaire de faire ça, de chercher à rallonger le tout. Mais on a droit à toutes les scènes typiques de films américains sur le sport: la foule en liesse, la foule déçue et, on peut gâcher la fin sans pour autant révéler une énorme surprise, une victoire finale. Tous les ingrédients sont mis pour que ça marche, mais ils sont justement trop mis, trop encouragés et trop proches.
A l’époque, McConnaughey avait déjà son charisme insoutenable et son sourire si sincère. Mais, dans ce rôle et avec sa coiffure des années 70, ça sonne faux. Mais il a quand même quelque chose en plus et la partie sur la formation de l’équipe, qui arrive si tard qu’on ne l’espérait plus, est bien faite et enthousiaste. Même si on reste dans le drame facile, il y a du progrès avec le regard vers l’avant. On ne parle plus que des morts, ils sont au centre des pensées mais ne sont plus les seules stars.
Longtemps, on s’attarde sur un drame qui devrait être secondaire dans le rendu de l’histoire, tout ça pour ajouter des minutes au film. Une déception quand on sait le talent qui réside dans l’acteur principal, malheureusement trop peu utilisé. Petite musique, scènes émouvantes, on sent qu’on est dans un drame qui ne veut absolument pas être autre chose. Non, ici, le réalisateur veut faire pleureur. Ca ne marche pas, mais ça aurait pu au vu de la teneur du scénario, bien plus fort que la plupart des films similaires. Mais j’aime bien la musique.