Ce père et ses deux filles vivant dans la transgression en marge du monde m'ont profondément touchée.
L'ambiance est d'emblée sombre, pesante, dépressive, appuyée par une réalisation froide, un rythme lent, une B.O. sobre et une belle photo mélancolique. Les membres de la famille Parker sont taiseux, gauches, peu aimables. Les deux filles sont belles et grâcieuses mais d'une pâleur dérangeante. Le père cite régulièrement les Saintes Ecritures et semble souffrir en silence d'un mal mystérieux. Cette famille semble cacher un lourd secret. La maladie, la mort, la peur d'un châtiment divin planent sur la maison. On est au plus près des tourments de cette famille unie par l'amour et prisonnière d'une mystérieuse tradition familiale. D'un côté, il y a les deux soeurs qui semblent vouloir rompre avec cette coutume ancestrale, et de l'autre, il y a le père, accablé par le chagrin et rongé par la maladie, qui veut coûte que coûte perpétuer la tradition et cite perpétuellement la Bible pour y trouver une justification et un appui moral.
Lentement mais sûrement, le réalisateur fait monter la tension et on sent bien que ces non-dits et cette révolte contenue ne peuvent aboutir qu'à un drame intense.
La grande force du film, en dehors de son atmosphère magnifiquement morbide, c'est l'interprétation. Tous les acteurs sont admirables. Les deux jeunes actrices sont bouleversantes. Bill Sage, dans le rôle du père, en impose dans chaque scène, grâce à une présence de bête blessée sourdement menaçante.