Ernest, le gentil fantôme !

Christopher Landon avait jusqu'ici pour habitude de reprendre des concepts fantastiques de films célèbres pour les injecter dans le slasher. Pour Happy Death Day, c'était Groundhog Day, pour Freaky, Freaky Friday. Passé les milliards d'invraisemblances, un dégueulis constant des sacro-saintes valeurs familiales exposées en étant le plus gnangnan possible, quelques tentatives d'humour, se voulant conscientes des matériaux de base utilisés, mais apparaissant trop sporadiquement pour être efficaces, une construction scénaristique prévisible de bout en bout (ben oui, quand on se contente d'aller piquer des rebondissements dans des films ou des genres en général connus et reconnus, difficile d'être surprenant !), il reste des acteurs pas trop mal, un rythme qui ne permet pas la plus petite seconde d'ennui ainsi qu'une mise en scène solide techniquement, faute d'être le moins du monde créative. Et en ce qui concerne particulièrement Freaky, il y a la jouissance de voir des êtres stupides et méprisables se faire joyeusement massacrer sans pitié, chacun d'une façon différente.

Pour We Have a Ghost, le réalisateur s'éloigne complètement du slasher pour aller vers une histoire de fantôme gentil, tout en avouant pomper Beetlejuice (ce qui est un peu le cas !), Ghost (ce qui est assez considérablement le cas !). Mais il y a une référence qu'il n'ose pas avouer, car ici, c'est à la limite du plagiat. Alors une famille dont les membres ont des difficultés à communiquer entre eux, qui vont se rapprocher par l'irruption dans leur existence d'une gentille "créature" extérieure et vont eux-mêmes aider (principalement le fils cadet !) cette dernière face à des méchants travaillant pour une organisation étatique, cela ne vous dit rien ? Un certain Spielberg, téléphone, maison... Ouais, quand vous avez compris que l'ensemble se borne quasiment qu'à mixer ces trois films, autant dire que vous devinez absolument tout ce qui va arriver bien à l'avance. Ah oui, ce n'est pas en explicitant le pompage d'une œuvre culte ou des codes d'un genre que l'on gomme une absence d'originalité dans l'écriture. Au contraire, cela ne met que plus en exergue que le cinéaste est en conscient.

En outre, sans éclairs de gore et de sadisme pour tempérer de temps en temps le côté gnangnan puisqu'on n'est plus dans le slasher, ben, c'est insupportablement mièvre du début jusqu'à la fin. Enfin, il y a deux petites exceptions que je sauve avec la séquence de la vedette de télé, voyante de pacotille (incarnée par Jennifer Coolidge !), et surtout la représentation des manières dont les internautes s'emparent du phénomène du spectre pour aller creuser très profond dans les abysses de leur connerie. Il y a un côté satirique pas désagréable de notre époque qui en ressort, mais qui n'est pas du tout exploité par la suite parce que... gnangnan... dommage.

Et dernier truc, même si c'est uniquement au début et qu'après, elle met considérablement de l'eau dans son vin, le fait que la future amoureuse du protagoniste se permette d'être sans gêne et d'être malpolie sans raison n'est pas l'affirmation d'un caractère fort, admirable de féminisme, de rébellion contre le patriarcat, c'est juste révéler qu'elle est détestable.

Bon, en résumé, même sans slasher, We Have a Ghost est bien dans le style de Landon... en encore plus gnangnan...