Allons-y gaiement avec les poncifs : oui, We the Animals est une histoire vue à hauteur d'enfant(s) ; oui, c'est un récit d'apprentissage où le personnage principal s'aperçoit qu'il est différent ; oui, c'est un film dont l'étiquette d'indépendant américain est on ne peut plus fragrante. Une fois tout cela dit, il faut reconnaître que le premier film de fiction de Jeremiah Zagar, documentariste chevronné même s'il n'a pas encore la quarantaine, ne manque pas de style, bien au contraire. Il en aurait presque trop, avec une forme très peaufinée entre voix off, séquences d'animation et, plus globalement minimalisme teintée d'onirisme et de poésie. Très bien, mais la vie de ces trois jeunes frères qui se ressemblent étonnamment et doivent se débrouiller sauvent par eux-mêmes est un peu dépourvue d'intensité dramatique alors que les situations et la tonalité générale font penser au mémorable Les bêtes du sud sauvage, sans doute plus mélodramatique mais davantage prenant, également. C'est vrai que s'est filmé à hauteur d'enfant mais on regrette quand même que le portrait du père soit aussi rapide et celui de la mère quasi inexistant. We the Animals séduit par bribes, par sa délicatesse et ses légers dérapages irréels mais ce n'est pas vraiment le nouveau Moonlight promis abusivement par son affiche.