Ready or Not est un film qui s'annonce comme étant un survival horror. Grace (Samara Weaving) se marie à un homme issu de la richissime famille Le Domas. La cérémonie va basculer dans une partie de Cache-Cache ultraviolente où les dés semblent être jetés d'avance. On comprend une fois lancé dans l'action que le film est nappé d'humour. Un décalage qu'il faut accepter pour ne pas passer à côté. Je rassure : comme le dosage est bon, l'ensemble fonctionne. Aussi, on commence à être habitué du style.
Dès le début, la mise en scène est très appuyée. La brève séquence introductive, 30 ans avant notre histoire, révèle déjà l'essentiel. Le Bail est démoniaque. Le travelling dans un luxueux couloir avec des jeux de société exposés, dont les noms ne sont pas anodins, nous fait comprendre sur quoi repose cette immense fortune. Un enfant est félicité d'avoir trahi un homme traqué. La porte "Le Domas" se ferme et conclut la séquence, indiquant que la famille contrôle pleinement l'action. Bref, chaque détail a son importance et les rôles seront remaniés.
L'œuvre est en réalité bien plus réfléchie qu'elle en a l'air : la duplicité horreur-comique répond à l'opposition entre le vrai et le faux. Les sourires hypocrites font échos à des répliques cinglantes. La richesse abondante de la famille est due à sa pauvreté morale. L'atmosphère mensongère est soutenue par des mises en garde franches. Grace est superbe en blanc pour son mariage, les autres sont en noirs comme pour assister à un enterrement. On lui dit que son sang n'est pas assez bleu pour rejoindre la famille alors que le plan et la lumière intensifient ses yeux azurs. Le jeu est aussi évidemment vicié : lorsque les caméras de surveillance s'éteignent pour jouer comme à l'époque sans tricher, des fermetures modernes viennent verrouiller portes et fenêtres. Non, franchement, c'est du très bon travail.
Le film avance crescendo jusqu'au final "bouillie de vampire" qui surprend dans le bon sens du terme. Samara Weaving se donne à fond dans la prestation. On est amusé lorsqu'elle se dévisage dans le miroir, parodiée en Rambo, équipée de sa cartouchière, la robe déchirée et le fusil en main. Elle n'a pas peur de se salir et de morfler. C'est aussi sympathique de la voir se soigner une main crucifiée avec un bandage de fortune à la Outlast II. On croit de plus en plus en sa capacité à ressortir gagnante du casino. Alors certes : les ficelles sont visibles et le film ne révolutionne pas le genre. Mais c'est pas le but et franchement, ça se mange comme un petit pain. 7,5 arrondi à 8.