Avec ce film, qui est le week-end tragique d'un couple partant chez un membre de leur famille, Jean-Luc Godard signe la fin d'une première période. Celle couronnée de succès, avec A bout de souffle, Pierrot le fou, Le mépris, où il y a encore une narration, des acteurs, pour aller dès 1968 et sa collaboration avec Jean-Pierre Gorin, quelque chose de plus abstrait, qui ressemble plus à des manifestes qu'à du véritable cinéma.
Jean Yanne et Mireille Darc sont les objets de son expression du moment, à savoir un dégout de la civilisation, des autres, voire de soi-même, jusqu'à espérer que tout cela finisse dans un bain de sang. Quelque part, ça annonce avec des mois d'avance mai 68 et cet envie de changement, saug que Godard l'applique à son cinéma. On efface tout et on recommence.
Il y a quelques moments superbes dans le film, comme cette quasi-introduction où Mireille Darc, filmée en sous-vêtements et à contre-jour, évoque l'adultère, et puis ce fameux travelling de 300 mètres représentant un immense embouteillage au bout duquel il y a eu un carambolage, mais ce qui compte, c'est que les automobilistes veulent partir en week-end. Mais le cinéma de Godard commence à devenir assez embrumé, avec cette volonté assez répétitive de tout chambouler, jusqu'à montrer énormément de victimes de la circulation, avec beaucoup de (faux) sang d'ailleurs, mais il y a tout ce travail étonnant sur la bande-son, qui en est si forte que la musique d'Antoine Duhamel va jusqu'à couvrir les dialogues.
On croise des connaissances du réalisateur comme Jean-Pierre Léaud, Juliet Berto, Jean-Pierre Kalfon ou encore Anne Wiazemsky, alors son épouse, mais j'avoue avoir regardé Week-end comme on ralentit quand on passe devant un accident de voiture ; avec curiosité, rejet, mais qui ne laisse pas indifférent. A tel point que son virage dès 1968 jusqu'à Sauve qui peut (la vie) sera très violent.