C'est un road-movie très singulier, façon Godard, une aventure satirique puis politique dont les époux désunis Corinne et Roland que jouent Mireille Darc et Jean Yanne sont les héros égarés et ridicules.
Sur un mode souvent loufoque, conformément aux rencontres étranges qui jalonnent le chemin du couple, en automobile puis à pied, après leur accident de voiture.
Godard n'en réalise pas moins un pamphlet sur la société de consommation, capitaliste par extension, symbolisée ici par l'automobile. A travers elle, Godard fustige le matérialisme et l'individualisme, la violence sociale et comportementale, comme l'attestent ces grotesques pugilats entre automobilistes ou, plus dramatiquement,
les cadavres ensanglantés et les épaves de voitures accidentées
qui jonchent les routes et carrefours (mémorable et emblématique travelling). L'hécatombe prend un tour surréaliste.
Plus tard, coïncidant avec une partie moins savoureuse du film, Corinne et Roland
sont les otages d'un groupe terroriste d'extrême gauche
support du discours tiers-mondiste et anti-capitaliste du cinéaste. Le trublion Godard fait cohabiter une fois de plus un discours (politique) volontiers abscons et une méthode (mise en scène) pleine de surprises et de spontanéité, d'espièglerie.
De cette "comédie politique, si je peux dire, je retiendrai en particulier l'impertinence qui résume bien le postulat de Godard: sortie indemne d'un carambolage, Mireille Darc
désespère de récupérer dans les décombres son sac Hermès!