C'est un road-movie très singulier, façon Godard, une aventure satirique puis politique dont les époux désunis Corinne et Roland que jouent Mireille Darc et Jean Yanne sont les héros égarés et ridicules.

Sur un mode souvent loufoque, conformément aux rencontres étranges qui jalonnent le chemin du couple, en automobile puis à pied, après leur accident de voiture.

Godard n'en réalise pas moins un pamphlet sur la société de consommation, capitaliste par extension, symbolisée ici par l'automobile. A travers elle, Godard fustige le matérialisme et l'individualisme, la violence sociale et comportementale, comme l'attestent ces grotesques pugilats entre automobilistes ou, plus dramatiquement,

les cadavres ensanglantés et les épaves de voitures accidentées

qui jonchent les routes et carrefours (mémorable et emblématique travelling). L'hécatombe prend un tour surréaliste.


Plus tard, coïncidant avec une partie moins savoureuse du film, Corinne et Roland

sont les otages d'un groupe terroriste d'extrême gauche

support du discours tiers-mondiste et anti-capitaliste du cinéaste. Le trublion Godard fait cohabiter une fois de plus un discours (politique) volontiers abscons et une méthode (mise en scène) pleine de surprises et de spontanéité, d'espièglerie.

De cette "comédie politique, si je peux dire, je retiendrai en particulier l'impertinence qui résume bien le postulat de Godard: sortie indemne d'un carambolage, Mireille Darc

désespère de récupérer dans les décombres son sac Hermès!

inspecteurmorvandieu
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Jean-Luc Godard

Créée

le 17 oct. 2024

Critique lue 2 fois

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Week-end

Week-end
Hawk
5

Week-end : Précurseur de l’arrivée des films d’horreur contestataires Outre-Atlantique

N’y allons pas par quatre chemins, il créé une vraie scission entre deux cinémas de la nouvelle Vague : celui de Godard et celui de Truffaut, plus traditionnel, si l’on peut dire, ayant ma...

Par

le 19 juin 2022

20 j'aime

20

Week-end
OlivierBottin
8

"On ne peut dépasser l'horreur de la bourgeoisie que par plus d'horreur encore"

Quoi de plus naturel pour un réalisateur cherchant à révolutionner les codes du cinéma que de s'intéresser aux révolutions? Seulement quelques mois après La Chinoise, qui s'intéressait à une bande de...

le 1 oct. 2015

20 j'aime

1

Week-end
Hélice
7

Godard-dare

Mon Godard à moi, c'est comme ça que je l'aime. Il est imparfait, bancal, parfois chiant. Fi du Front de Libération de Seine-et-Oise! Il pianote du Mozart, dans une cour de ferme. Touché par la...

le 5 janv. 2011

15 j'aime

Du même critique

Le Nom de la rose
inspecteurmorvandieu
10

Critique de Le Nom de la rose par inspecteurmorvandieu

Associée aux rigueurs des moeurs monastiques, l'intrigue de ce qu'on peut appeler polar médiéval et religieux n'en est que plus étrange et saisissante. Le réalisme avec lequel Jean-Jacques Annaud...

il y a 5 jours

1 j'aime

Jeux interdits
inspecteurmorvandieu
9

Critique de Jeux interdits par inspecteurmorvandieu

Sur les routes de l'exode en juin 1940, la petite Paulette voit ses parents et son petit chien mourir sous le mitraillage des avions allemands. Effroyable séquence, d'une tristesse absolue, au terme...

il y a 7 jours

1 j'aime

1

L'Étoile du Nord
inspecteurmorvandieu
6

Critique de L'Étoile du Nord par inspecteurmorvandieu

Ce n'est pas l'intrigue policière et la présomption de meurtre qui pèse sur le personnage de Philippe Noiret, aventurier désargenté de retour d'Egypte, qui constituent l'intérêt majeur du film...

le 16 oct. 2024

1 j'aime