Cette tranche d'Histoire est traitée sur un mode nonchalant, hésitant entre la farce, lorsqu'il s'amuse des impairs commis par les Roosevelt à l'égard du couple royal - des caricatures de soldats anglais sont affichés dans leur chambre - et le chromo passé à l'acide - la mise en scène classique et élégante contraste avec l'aspect vaguement subversif du propos. Qu'il ait cherché à humaniser ces grandes figures historiques est une chose, mais Michell n'a pas pu s'empêcher de tomber dans l'excès inverse en les croquant avec une certaine trivialité, qui pourrait par moments passer pour du mépris.
Il y avait matière à bâtir, autour de ce secret d'alcôve (la relation entre Roosevelt et sa cousine) et de cette visite historique, une oeuvre rock'n'roll et beaucoup moins tiède. Michell cède trop au puritanisme, et se contente de suggérer la sexualité tout en l'éloignant la plus possible du champ de la caméra. Comme s'il cherchait à protéger les sensibilités prudes tout en refusant, dans le même temps, de passer pour quelqu'un qui manque d'audace. L'amitié anglo-américaine sera consolidée par une dégustation de hot-dog, dont la saucisse aura été tartinée de moutarde avec un regard en coin. Ultime marque de trivialité d'un film qui, sous ses beaux atours, manque clairement d'élégance.