Welcome
6.9
Welcome

Film de Philippe Lioret (2009)

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Voulant le voir depuis sa sortie, je l'ai découvert malheureusement dans une version non sous-titré, ce qui fait que comme une partie des dialogues sont en anglais, comme je ne suis pas très anglophone, je n'ai rien compris.
Qui plus est, j'ai voulu voir ce film pour Vincent Lindon... mais il n’apparaît qu’au bout de peut être vingt minutes.
Avant sa première scène, nous assistons au parcours de Bilal, ado de dix-sept ans, venu d’Irak, voulant rejoindre la Grande-Bretagne pour se fiancer avec sa petite amie, mais son parcours sera terrible, ainsi avec d’autres clandestins, il va s’infiltrer dans un camion de transports et sera coincé à Calais. Où il sera arrêté et condamné, et en marchant le long du rivage a une sorte d’illumination : il doit apprendre à nager pour rejoindre sa bien aimé et c’est là qu’il rencontre Simon : un maître nageur ordinaire, en plein divorce dont l’ex-femme vient en aide aux clandestins façon la soupe populaire mais à Calais : il y a une politique anti-migrants. Toute personne venant en aide aux migrants est arrêtée et condamnée.
Le film se déroule début 2008 (la date exacte est affichée dès la première scène, on note qu’il n’y a Pas de générique de début), dans un contexte réactionnaire.
Le côté documentaire, extrêmement détaillé (le parcours de Bilal qui tourne au mal au début) et donc très brutal voire sadique (un des agents qui l’arrête à Calais prend son portefeuilles, enlève et déchire en deux la photo de sa petite amie) avant qu’il ne rencontre Simon. C’est une entrée réaliste avant la fiction. Mais la fiction sera toujours ponctuée de réalisme, souvent brutal.
Ainsi, Simon semble passif face aux migrants, alors que son ex s’emporte au supermarché quand un vigile refuse de faire entrer deux jeunes étrangers venus faire leurs courses.
Simon, quand lui aussi viendra en aide aux migrants : Bilal et un de ses amis, il sera regardé de travers par ses voisins...
Il y a une ambiance anxiogène – Philippe Lioret ne cachant pas faire un parallèle avec la traque des juifs.
Simon va prendre rapidement Bilal sous son aile donc comme élève nageur et aussi comme peut être fils spirituel (Simon n’a pas d’enfants, c’est précisé) avec qui il se trouve des points communs : une affection pour le club du Manchester United (très belle scène autour d’une pizza et d’une bière).
Leur relation est très tendre, Simon s’attachant clairement à ce gosse pour qui il éprouve de la pitié et qu’il voudrait aider à réaliser son rêve : rejoindre sa fiancée en Angleterre, lui donnant même sa bague de mariage. Mais cette amitié ne passe évidemment pas pour ses voisins...
D’où vient cette ambiance de délation, de traques du migrants ? Philippe Lioret dénonce clairement les autorités qui sont eux mêmes soumis à des ordres de plus hauts rangs, jusqu’au chef de l’état actuel alors Nicolas Sarkozy que l’on voit – tacle directe du cinéaste – lorsque Simon zappe à la télé – le chef de l’état disant n’avoir aucun regret sur ce qu’il a fait (sans préciser quoi).


C’est une œuvre réaliste, interprété avec pugnacité (l’acteur qui joue Bilal est non professionnel comme la plupart des acteurs et actrices incarnant des migrants, Vincent Lindon, comme toujours, est excellent, plein d’intériorité, parlant un anglais parfait et sans accent, se révoltant ponctuellement mais dont le désarroi se lie à travers son regard d’une expressivité hors normes, n’ayant souvent pas besoin de dire le moindre mot pour nous plonger à l’intérieur de ses sentiments, on sent la révolte – réelle – de l’acteur bouillir contre les injustices qui éclatera quelques années plus tard chez Stéphane Brizé dans « La loi du marché » et « En guerre »).


« Welcome » est le genre d’œuvres qui me fait rendre plus mature, car elle permet de me montrer la dureté des migrants – ces personnes ordinaires rejetées, maltraitées partout, traquées, qui voudraient juste trouver le bonheur, une nouvelle vie ailleurs. Et les personnes qui tentent de les aider sont aussi coupables, punissables aux yeux de la loi que les migrants eux-mêmes...
Est ce que dix ans après, les choses ont changées ? On sait bien sur que non...

Créée

le 6 août 2021

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Derrick528

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