Welcome
6.9
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Film de Philippe Lioret (2009)

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On a tendance à utiliser ce terme à tout bout de champ lorsque l'on adore une œuvre. Mais non seulement l'expression est adéquate face à mon admiration pour ce film, mais son propos est d'une actualité brûlante. Lioret nous met face au danger, à la Réalité: nous n'avons jamais été si proche de l' Occupation.Nous sommes condamnés pour aide à la personne en situation irrégulière, comme on était condamnés si on cachait des Juifs. Politiquement, ce film est nécessaire. Pour rappeler quelque chose que les dirigeants du monde, ainsi qu'une bonne partie de leur populations de moutons, ont finis par oublier vis-à-vis des "étrangers": nous sommes tous des êtres humains. Il ne faut pas oublier que les peuples se sont façonnés en ouvrant les bras, et pas autrement.
Le film possède un scénario presque parfait. Il évite tous les écueils des films d'auteurs chiants à la française: ce qui intéresse ici, c'est l' Humain, dans tout ce qu'il a de plus complet. Simon et Bilal ont d'ailleurs le même objectif, celui qui nous relie tous dans le monde: l' Amour. L'un veut reconquérir sa gonzesse, l'autre veut rejoindre la sienne. Et si Bilal veut traverser la Manche littéralement à la nage, Simon traversera les Morales françaises à la rage. Ce qui est prodigieux avec ce film, ce qui fait qu'il devrait être vu par un maximum de personnes selon moi, c'est qu'il rend solidaire. Il laisse tout sauf indifférent, en témoigne le suspens de malade sur plusieurs scènes. La fin est à pleurer, surtout l' ultime plan, comme un mystique qui est finalement commun à nous. Il nous rappelle que nos plus grandes personnalités sont des immigrés. Ben ouais, au Louvre, c'est un Italien qui a fait la peinture la plus célèbre du monde... Il pose cette question quasi-enfantine: de quel droit empêche-t-on des gens d'aller là où ils veulent, sous prétexte qu'ils n'ont pas les bouts de papiers correspondant ? Le décor de Calais renvoie un sombre miroir au triomphe de "Bienvenue chez les Ch'tis", sorti seulement un an plus tôt. Le décor est miséreux, les sous-titres abondants (l' acteur principal, pourtant bien français, ne parle jamais la langue de Molière), la photographie elle-même sent la poisse et la lutte pour espérer encore. L'ambiance est immersive, réelle. La Vie dans tout ce qu'elle a de plus brut. Et qui dit la Vie dit aussi ces instants de pure grâce, avec Simon renouant le temps d'un baiser magnifique avec sa nana, ou lorsque Bilal reste le soir dans la piscine, après la fermeture, pour continuer de s’entraîner toute la nuit... Mais toujours le tragique rejoint l'espoir. L' histoire ne peut que bouleverser au plus profond. A chaque vision de ce chef d'oeuvre, j'ai du mal à respirer, le souffle coupé. C'est avec ce film que j'ai rencontré Vincent Lindon, aujourd'hui mon acteur français préféré. Il suffit que je sache qu'il fait parti d'un film pour savoir qu'il sera de bonne qualité. C'est très rare que j'utilise le mot parfait pour une prestation, mais là, il ne joue même plus, il EST Simon. Même si Tahar Rahim était génial aussi dans "Un Prophète", c'est pour ce rôle-là que Lindon aurait du recevoir un César. Mais bon, il l'a enfin eu, donc ça va... Lindon ne joue jamais, et c'est ça qui est unique avec lui. Il est comme ça, fidèle à lui-même, totalement sincère comme très peu d'acteurs le sont. Si le personnage lui correspond, il n'a qu'à le laisser parler par lui-même. C’est pour ça que c'est le meilleur. Face à lui, Ayverdi, dans son seul rôle, est impressionnant de maîtrise. Dana est ici dans sa prestation la plus convaincante, campant une femme tout sauf soumise, tout sauf habituelle dans le paysage du cinéma actuel, et surtout irrésistible. Même les personnages les plus secondaires sont soignés aux petits oignons, comme Rabourdin, dans un rôle de flic inattendu. La mise en scène, elle aussi, est stylisée à mort tout en restant la plus naturelle possible, avec un mariage à la musique qui est fantastique. Il suffit de voir ce plan avec Lindon courant sur le sable mouillé, pieds nus, jusqu'à Bilal qui s'apprête à partir au bord de la plage... sans que rien ne soit dit, un rapport de filiation devient évident. C'est magistral. La seule remarque que je pourrai vraiment faire, c'est la trop grande présence de la télé. Elle embrouille, n'apporte rien d'important. Mais c'est chipoter.
Ce film est un coup de poing qui émeu aux larmes. Il est important, vraiment, prenez votre courage, accepter le fait que vous allez pas rigoler et que vous devrez lire pas mal de fois, mais vous ne regretterez rien. Foncez.

Créée

le 8 févr. 2017

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Billy98

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