Au début du film Depardieu est là, l'acteur, interrogé par des journalistes. Il dit qu'il déteste son personnage et que c'est pour cela qu'il le joue bien. Il marque sa différence. Mais quand on le voit assis sur sa chaise, le souffle court, la voix rauque, quasi obèse, on voit en lui le monstre, Barbe Bleue, qu'est DSK, avec son appétit sexuel et sa force massive.


Qui d'autre que Depardieu aurait pu incarner cette figure d'homme déchu, lui qui a connu la déchéance, physique, et morale. Lui qui est allé serrer la main de Poutine sans l'ombre d'une gêne, lui qui s'est comporté en acteur vulgaire, qui s'est vautré dans la provocation, bien loin de la finesse qu'il avait pourtant acquise avec son rôle de Cyrano, lui qui était parfois ce poète sensible qui cotoyait l'homme si grivois. DSK lui colle à la peau, avec cette vulgarité monstrueuse, mais on reconnait encore l'homme, l'homme et ses colères, l'homme et ses vices, l'homme et ses failles. DSK a tout perdu, comme Depardieu a perdu beaucoup de sa superbe.


Depardieu, qui se dit "fatigué de vivre", Depardieu las. C'est quelque part tout ce que le film montre tant le parallèle entre les deux hommes, DSK et Depardieu prend ici tout son sens. Pour le reste, le film s'acharne à ne montrer que la bête. Pour le réalisateur DSK est barbe bleue, ce prédateur sexuel, ce dévoreur de femmes qui se repaît de leur chair jusqu'à la lie. Le sexe, la luxure, l'impersonnalité de ces hôtels de luxe où les prostitués s'exécutent sur le lit d'un homme aussi puissant prennent toute la place dans un drame qui aurait pu être bien meilleur. L'homme est vulgaire, l'homme est sale c'est tout.


Et c'est pourquoi Depardieu, un homme qui a tout eu et qui semble tant se détester incarne si fortement son personnage, bien seul dans un film qui tourne à vide. Depardieu, malade, malheureux, gros, occulte DSK. Il est un ogre qui dévore l'écran, qui le crève encore et qui affadit tout le reste par l'immense désespoir qu'il trimballe sur ses épaules, ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


L'histoire d'un immense acteur, aujourd'hui ombre de lui-même, à l'image du film, bien fade.

Créée

le 14 sept. 2016

Critique lue 289 fois

Tom_Ab

Écrit par

Critique lue 289 fois

D'autres avis sur Welcome to New York

Welcome to New York
Truman-
2

Critique de Welcome to New York par Truman-

Le voilà le tant attendu film sur DSK, on attendait une bombe sulfureuse, foudroyante et très osé mais finalement nous n'avons qu'un film mi vulgaire, mi ridicule . Entre provocation gratuite,...

le 19 mai 2014

30 j'aime

5

Welcome to New York
FPBdL
2

Festival de Kahn, on y mange que du porc.

Le Dodo du film est un drôle d'animal. Avec lui les femmes c'est cool, il en propose à ses potes à la place du café. Pour démarrer la réunion c'est plus convivial... Téléfilm projeté en marge du...

le 26 mai 2014

28 j'aime

3

Welcome to New York
IlanFerry
3

Welcome to New York : excusez le, il sort de la douche !

Lorsque l’affaire DSK éclata en 2011, elle fit l’effet d’une véritable bombe dans le monde politique mettant ainsi en lumière le mode de vie dissolue d’un homme que beaucoup voyaient déjà comme le...

le 18 mai 2014

24 j'aime

Du même critique

La Passion du Christ
Tom_Ab
8

Le temporel et le spirituel

Le film se veut réaliste. Mais pour un film sur le mysticisme, sur un personnage aussi mythique, mystérieux et divin que Jésus, il y a rapidement un problème. Le réel se heurte à l'indicible. Pour...

le 26 déc. 2013

63 j'aime

4

The Woman King
Tom_Ab
5

Les amazones priment

Le film augurait une promesse, celle de parler enfin de l’histoire africaine, pas celle rêvée du Wakanda, pas celle difficile de sa diaspora, l’histoire avec un grand H où des stars afro-américaines...

le 7 juil. 2023

52 j'aime

5

Silvio et les autres
Tom_Ab
7

Vanité des vanités

Paolo Sorrentino est influencé par deux philosophies artistiques en apparence contradictoires : la comedia dell'arte d'une part, avec des personnages clownesques, bouffons, des situations loufoques,...

le 31 oct. 2018

30 j'aime

4