De retour clandestinement du Maghreb, suivant le principe de la double peine française, prison en France puis expulsion, Kamel est le personnage central de ce film âpre sur la vie de la cité, celle de Montfermeil en l'occurrence.
Rabah Ameur-Zaïmeche, acteur et réalisateur, tourne en famille ce qu'il convient d'appeler plus sûrement un documentaire. Car son sujet naturaliste est à peine scénarisé, en tout cas trop peu pour qu'on lui trouve l'intérêt ou les vertus d'une fiction. L'ambiguité dans cette mise en scène qui navigue entre les deux genres dessert le film, me semble-t-il, en ce qu'il n'est vraiment convaincant ni dans un registre ni dans l'autre. A quoi s'ajoute un découpage et un montage un peu abrupts.
Le constat du réalisateur, à travers trois thèmes majeurs que recouvre son immersion dans la banlieue est édifiant: habitat délabré et sale, désoeuvrement de la jeunesse, impossible intégration de ces mêmes jeunes issus de la "diversité". Oisiveté et trafic de shit forment leur quotidien au pied des barres. Le regard autorisé de Ameur-Zaïmeche est sombre et sa colère justifiée même si l'antagonisme qui caractérise la relation jeunes-police et la conclusion brève et tragique du film sont plutôt manichéens. Et c'était au début des années 2000...