Alors on danse ?

Il s'agit de la deuxième adaptation en long métrage de la comédie musicale de 1957, inspirée de Roméo et Juliette. C'est une histoire d'amour à propos d'une adolescente portoricaine tombant amoureuse d'un homme blanc dans les années 1950 à New York. Des complications en découlent en raison de leurs liens avec des gangs rivaux qui n'approuvent pas leur relation.

Steven Spielberg n'avait jamais réalisé de comédie musicale avant sa nouvelle adaptation audacieuse de West Side Story, et pourtant, on a parfois l'impression qu'il s'agit du seul type de film qu'il ait jamais réalisé. Les images de Spielberg dansent de manière si fluide avec le son qui les entoure qu'il est impossible de séparer les deux. Indiana Jones n'a peut-être pas éclaté en chanson pendant Les aventuriers de l'arche perdue mais ses aventures sont mises en scène avec un expressionnisme dansant qui évoque Un Américain à Paris. Son interprétation de The Color Purple était si théâtrale qu'elle a inspiré un grand spectacle de Broadway et son Jurassic Park si génétiquement lié à la partition de John Williams qu'il a fourni une musique à thème pour toute une période géologique.

La mise en scène est époustouflante et je ne peux pas imaginer que des gens ont dit que ce film est visuellement fade. Chaque plan est composé avec tant de réflexion et de détails, et la plupart d'entre eux sont à couper le souffle. Même les plans sans couleur nous apportent de la profondeur et utilisent magnifiquement le sujet. Mais je tiens à souligner l'utilisation de la couleur. Que ce soit dans les décors ou simplement dans le beau ciel à l'arrière d'un plan, il y a tellement de choses à aimer avec l'étalonnage des couleurs. La réalisation est parfaite car elle nous permet de voir les mouvements et la chorégraphie globale. La mise en scène est brillante, et mes clichés préférés sont ceux qui sont légèrement orientés vers le haut pour capturer la beauté et la destruction de la ville. Quelques-uns de ces numéros musicaux combinent toutes ces choses, et cela en fait une expérience immersive. Le directeur de la photo Janusz Kaminski et le chorégraphe Justin Peck ont travaillés en parfaite harmonie pour invoquer une pure magie à l'écran qui nous laisse tous éblouis par la complexité et l'impossibilité de certains plans.

Le scénario de Tony Kushner garantit également qu'il y a un répit pour que le drame se déroule, puis il y a ce merveilleux casting avec la majorité des acteurs ayant une solide expérience en théâtre. Nous retrouvrons les performances puissantes de Zegler, DeBose, Alvarez, Moreno et Faist. Ariana DeBose attire votre attention dans chaque scène et sait exactement où tracer la ligne entre trop d'émotion et trop peu, c'est vraiment impressionnant. Rachel Zegler va être une super star dans le futur, c’est indéniable. Je ne doute pas que cela restera comme le premier d'une longue série, mais j'aime la façon dont elle est capable d'exprimer si bien ses émotions. Alvarez et Faist livrent également les tragédies de cette guerre des gangs. Regarder la façon dont ces deux groupes se traitent de manière si violente. Ansel Elgort est bon, mais j'aimerais qu'il y ait plus de charisme chez lui. Cela a un impact sur la façon dont la relation principale résonne, car cela entraîne un manque occasionnel d’alchimie. Bien sûr, ce n'est pas suffisant pour faire tomber le film, mais je pense qu'une autre performance puissante aurait donné une autre tournure à cette relation avec Maria.

Réalisé par Steven Spielberg, West Side Story est certes le remake du film de 1961 et présente également tous les numéros musicaux, mais l'artisanat, l'ingéniosité cinématographique et la chorégraphie ajoutent tellement de richesse et de qualité vivifiante que l'histoire prend indéniablement vie sous nos yeux. Spielberg est ici au sommet de son art, dirigeant chaque scène avec un soin énorme et une passion effervescente pour offrir une comédie musicale délicieusement old-school dans sa présentation mais moderne dans son approche. Je n'aurais jamais dû douter de Spielberg et de sa capacité à nous apporter quelque chose de spécial. Sa capacité à mettre à jour et à élever cette histoire est impressionnante, et le voir clouer un film dans ce genre est la cerise sur le gâteau.