Not So Pretty!
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le 9 déc. 2021
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Durant sa première demi-heure, on a l'impression que Spielberg ne s'est lancé dans cette folle affaire de redonner vie à West Side Story que dans un exercice de style. Voyant dans cette histoire intemporelle qu'on raconte depuis l'Antiquité un moyen de mettre au profit sa mise en scène géniale à une une comédie musicale, enfin, mais sans apporter grand chose au récit.
Puis, petit à petit le ton réaliste que Spielberg a préféré à la théâtralité du film de 1961 commence à singulariser le film. Steven semble désespéré que les thèmes du musical de 1957 sont encore si actuels, ou qu'ils ont été exacerbés. Cette grâce intervient à peu près en même temps que l'entrée en scène de Rachel Zegler qui pour son premier rôle irradie totalement. Fraiche, insouciante mais aussi franchement "bossy" quand il le faut.
La violence chorégraphiée laisse place à des séquences beaucoup plus brutales. Le cycle de la violence, déjà présent, est exacerbé et se généralise et la narration joue habilement du mélange des tons, de la gravité et des contrastes. Spielberg n'a pas décidé de déplacer chronologiquement l'histoire de Maria et Tony, il y glisse plutôt ce qu'on devine être selon lui les reflets des tensions actuelles. Sincèrement, j'ai été un peu dubitatif au départ, trouvant les changements trop subtils parfois, mais l'œuvre globale trouve l'approche juste et ne tombe jamais dans l'opportunisme facile.
Si la narration est franchement maline, c'est surtout la production value et la réalisation de Spielberg qui resteront en tête. Le West Side plus réaliste proposé ici est superbement mise en lumière (Janusz Kamiński continue d'impressionner) et fourmille de détails. Spielberg y fait virevolter sa caméra dans des séquences musicales qu'il souhaite de toute évidence la démonstration de la fluidité de sa réalisation. Le contraste par rapport au film de 61 est violent tant celui-ci s'apparentait parfois au simple musical de théatre filmé.
Spielberg reprend scrupuleusement les chansons de Bernstein, il en change simplement l'ordre, et, surtout, les fait chanter par ses comédiens ce qui franchement leur confère une puissance nouvelle. Tout est là, tout sonne similaire et pourtant différent.
En reprenant West Side Story, Spielberg s'attaque au sacré, au film à 10 oscars auquel on ne peut pas toucher. Fantastique hommage à la comédie musicale originale, le film est la nouvelle démonstration que Spielberg est le roi du divertissement. Un divertissement exigeant, poétique, politique parfois aussi et franchement émouvant. Une merveille !
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Créée
le 10 déc. 2021
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