Not So Pretty!
Que ce soit bien clair, je ne suis pas un grand fan du West Side Story de 1961 (reste que je l'ai aimé quand même dans sa globalité, en particulier parce que pas mal de compositions de Leonard...
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le 9 déc. 2021
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Un peu comme un :
Des années qu’on te sert la même soupe, et t’en redemandes.
Sortie de cinéma un peu indignée, je vais tenter une écriture détachée, mais je ne suis pas sure d’y parvenir.
Je sais que le genre s’attache à la niaiserie et à sa forme lisse mais on pouvait s’attendre à quelques efforts d’actualisation pour une version 2021.
Je découvre en fait, mea culpa, qu’il s’agit ici d’un remake du « west side story » de 1961, que je n’ai pas vu. Je jugerai donc cette version 2021 sans l’appuyer d’arguments de comparaison. Il me semblait bien avoir reconnu quelques morceaux, la culture générale inconsciente fait bien son travail.
Nous sommes devant la dernière comédie musicale de Spilberg : l’histoire se joue dans un New York des années 60 - début de récession, croissance ralentie (ah oui oui, les immeubles sont en ruine) - conflit guerre du Vietnam en plein boom (non ressenti ici) - Martin Luther King n’a pas encore discouru et nous le constatons sans effroi, puisque finalement, on ne vous demande pas de prendre partie. La haine raciale, sur laquelle s’appuie le film, semble tellement « disneyïsee » qu’on l’accepte sans sourciller, avant de se dire en sortant « nan mais attends, il y a un problème là?! »
Tout ça se met en exergue dans l’extrême aseptisation du film, digne d’un Disney (j’insiste) lisse et bien conforme : (mais eh, les gars, vous ne croyez pas qu’il est temps de se renouveler?) :
On nous offre ici un décor carton pâte, gonflé de stéréotypes sociaux que le film ne fera qu’alimenter. Le contexte se fige sur une guerre des gangs qui n’est pas contextualisée (en gros, t’as le sentiment que les mecs se fightent pour se fighter - hormones - post adolescents égarés) entre des gros fachos rockab de l’époque (oui mais ils sont propres sur eux et pas vraiment vulgaires - Delarue si tu passes par ici) et des portoricains saoulés de ne pas appartenir au monde américain, aux accents franchement bien caricaturés (yé soui confou Rrrrrnesto - so allonge toi confortablement, tu peux te passer des sous titres).
Les portoricains vivent dans des cités dortoirs gettho paradoxalement propres et rangées : le linge sèche au dessus des rues, des fumées blanches s’échappent élégamment de plaques d’égouts à côté desquelles il n’y a ni mégots, ni déchets, ni rien.
Quelques tentatives de scènes de combat te font perdre patience, on est dans le politiquement correct plus plus, raison pour laquelle je te dis que tu finiras par croire que tout le monde il est gentil.
Soit, tu aimes ou pas, à la gueule de l’acteur-chanteur- danseur-pantin. Mais jamais tu te dis, ô grand jamais, « quel personnage profond, aux valeurs ancrées ». Oui, tous sont en plastique moulé, portant la bénite ceinture de chasteté D. Chanel.
Par ailleurs, l’histoire d’amour est désincarnée on ne trouve pas d’alchimie entre nos deux petits mignons. Encore une fois, ce n’est pas ce qui est recherché : il y a le prince et la princesse (Roméo et Juliette, eux ils s’aiment, et ils savent pourquoi). On a choisi deux « physiques », pas des acteurs. C’est une rencontre stérile : les regards se croisent, ils se désirent comme on désire posséder un objet, on a le sentiment d’une lubie. Anton chante la sérénade, puis c’est réglé. Un vrai manque de profondeur, mais pas surprenant. Voilà tant d’années que le cinéma « blockbuster » nous sert la même soupe : l’amour libéral, au sens propre, salvateur pour notre société.
D’ailleurs, la mort d’Anton n’est pas non plus un gouffre pour te procurer quelque tristesse. On la constate, mais la situation se prive de déchirement : Maria chourine quelques secondes, puis suit le cortège.
Rita Moreno, seule figure de proue qui te sauve la sincérité du truc. Elle est capable de transmettre quelques émotions, mamie aurait dû expliquer à ses jeunots sur le plateau comment ça se passe.
Concluons : un film qui corrobore à son genre stéréotypé, sans efforts narratifs, pas de jeu d’acteur, des décors dédramatisants, des émotions plates, « welcome to america » (oui bah non merci).
Créée
le 14 déc. 2021
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