Natalie, faudrait la perdre dans un bois...
Me voici revenue de l'expérience West Side Story, le culte des cultes, l'inavouable film préféré d'une partie des cinéphiles de ce monde, l'adaptation d'une des plus grandes comédies musicales de la planète, un « Roméo et Juliette » plus loué que celui de Shakespeare... Et j'ai mis 7/10. Je reste finalement dans la moyenne parfaite de mes éclaireurs et de l'avis général de Senscritique.
L'œuvre s'ouvre pourtant sur un des premiers quarts d'heure les plus jouissifs que j'ai pu admirer dans ma courte carrière de cinéphile. Jets contre Sharks, Manhattan comme champ de bataille, la danse pour donner et rendre les coups. Je dois avouer que ces premiers instants m'ont un peu scotchée. De plus l'adaptation en film a ceci de plus intéressant que sur scène : l'occupation de l'espace, urbain ici en loccurence. Les trottoirs, les terrains de baskets grillagés, les ruelles désertes, autant de lieux à investir par la danse et le chant. Cette importance du lieu a donné naissance a de magnifiques décors qui confèrent à l'ensemble une ambiance particulière. J'ai notamment beaucoup aimé cette enfilade de portes multicolores. Il est en effet indéniable que West Side Story est un film haut en couleurs, que ce soit à travers les costumes des bandes rivales que les robes des deux actrices principales.
Mais, passé ce premier émerveillement, le film prend son rythme de croisière avec, malheureusement, comme hôtesse de bord l'horripilante Natalie Wood, parfaitement transparente et malhabile pour ce rôle de Juliette portoricaine qui débarque à New York. D'un autre côté, elle a en face d'elle un Richard Beymer qui a tellement de dent qu'il ne sait plus où les mettre, et qui a autant de charisme qu'un traversin. Leur couple, improbable et casse-bonbon, a malheureusement eu raison de mon 8 qui roulait doucement vers moi avant de s'arracher lui-même les oreilles et les yeux de désespoir en entendant la voix irritante du personnage de Maria.
Passer ces deux douloureux détails qui représentent tout de même les personnages principaux, j'ai pu admirer les deux véritables perles du film, j'ai nommé George Chakiris et Rita Moreno qui dévorent la pelloche, l'un de son déhanché diabolique, la seconde avec sa fougue impétueuse.
Je suis pourtant fleur bleue mais je dois admettre que ce qui m'a le plus plu dans ce film réside dans tout ce qui entourait le couple interdit plus que le couple lui-même. Deux êtres qui tombent amoureux en un regard et se promettent monts et merveilles en se susurrant des mots sucrés, iris mêlés, ça me laisse de marbre.
En revanche, la seconde lecture de toute cette mièvrerie est tout de même intéressante. Car au-delà de cette romance se cache la véritable définition de l'Amour : il est puissant et indomptable, il se fiche de l'accent, de la couleur de peau mais il n'est parfois pas suffisamment fort face à la haine. Message certes classique et indéniable, mais qui a tout de même une valeur fondamentale, notamment dans le siècle où nous vivons.
Dans le fond, West Side Story n'est donc pas moins qu'un hymne à l'Amour. Mais quand c'est Natalie qui vous le chante....