Boris, Larry, Woody et son haleine
Je n'ai jamais eu vraiment le temps de me faire un avis sur le cinéma de Woody, j'ai détesté instantanément, un blocage dû essentiellement à son physique ingrat.
Et à sa mauvaise haleine.
Notre première rencontre remonte à une époque où il fallait que j'aie un personnage, de préférence masculin, à qui m'identifier (ce que je fais encore régulièrement). J'étais donc plus enclin à lui préférer les Arnold, Sylvester, Bruce et autres Jean-Claude, qui avaient tous ce je ne sais quoi auquel j'aspirais et une histoire simple, surtout, avec des muscles et sans blablas putassiers autres que des "I'll be back" ou " Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir ?" (Commences-tu, brave lecteur, à cerner la douleur qui m'habite quand, aux détours de quelques conversations, certains de mes éclaireurs les plus urbains allenisent à tout-va, à m'en donner envie de dégobiller mon gazpacho sur mes claquettes PSG toutes neuves ? Pauvres d'eux.)
Je me souviens de ce jour d'été normand (ce qui ne veut strictement rien dire) où se lever le matin est la plus grosse chose à faire de la journée (avec se coucher le soir), ce jour marqué du saut de la fourmi où le piège se referma sur moi, sans que je puisse d'une part le voir venir, ou m'en extraire d'autre part avant le fatidique couperet : j'ai aimé un Allen.(écrire ça, et avoir l'envie, le besoin irrépressible de me flageller jusqu'au sang).
Faut dire, il m'a cueilli, le coquin, installé dans cette salle où il faisait plus froid qu'à l'extérieur (la Normandie a ça de merveilleux qu'il peut neiger dehors, tu crames dedans, et inversement), avec le Boris.
Le mec te parle et tu te dis : "Ben saperlipopette, il est marrant ce con, il me rappelle quelqu'un, mais qui !?"
Vu le peu de références qui me sont données de part ma propension à oublier tout ce que je vois, j'ai pensé à Ferris, et alors évidemment, le tour était joué.
Il m'a dans la poche, le moche.
Et puis c'est drôle de voir un type considérer tout le monde comme de la merde, avec son avis sur tout, qui étaye systématiquement tout ce qu'il dit en te rabaissant automatiquement. (il aurait une place toute chaude et douillette ici-même).
Un torturé cynique qui, sous des dehors bien frustes, ouvre sa porte à l'oiseau égaré tombé du nid.
Alors oui, j'ai aimé ce type, ce que Larry en a fait, ou Woody, je ne sais pas, mais j'ai aimé.
Et puis.
C'est charmant aussi, c'est New York comme un village avec une poignée de nantis, qui vivotent, dissertent, se moquent, s'amusent, s'aiment, se découvrent, s'interrogent, et gravitent tous autour du Boris et ses shorts.
Aux troubles évidents que le brave chauve pouvait avoir sur moi, en plus, ça se suivait. C'était léger, marrant, avec des personnages qui se transforment en gens heureux une fois accepté ou compris ce qu'ils étaient vraiment.
C'était un petit monde, qui se bouleversait en me bouleversant.
Je ne suis pas du genre à raconter ma vie, mon plus fidèle (castro) lecteur sait ça comme on sait, un jour, que le sein maternel nous manquera et qu'il faudra s'y faire, comme une fatalité, mais ce film te parle qui que tu sois ! Où que tu sois ! Il m'a parlé déjà, à moi qui n'entends généralement rien à ces marivaudages de bobos (et je précise qu'il y a du son, la couleur et tout).
Et enfin.
Il y a Superman (le nouveau, sans slip rouge apparent) mon pote, et ça, avant même qu'il le soit (en ça, c'est un film d'anticipation).
Revu récemment en charmante compagnie, je l'ai d'autant plus apprécié.
(comme l'enfant qui pense avoir inventé la blague de la peau de banane, me voilà me répétant et rigolant encore d'un truc dont je ne dois pas être l'inventeur, mais j'y crois pourtant, dur comme fer, à cheval.)
Dommage qu'il ait mauvaise haleine.
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