Sensation hype au festival du film fantastique de Gérardmer de cette année, où il a même remporté deux prix (du public et de la critique), When evil lurks vient pourtant illustrer un bien triste constat. Constat qui établirait ceci : en termes d’horreur, et ce depuis des années, c’est tellement morne plaine, tellement plus rien à se mettre sous la dent, tellement plus rien qui fasse palpiter (alors si, la première partie de Barbarian, vraiment angoissante, mais ensuite le film s’écroule jusqu’à sa troisième et dernière partie, ratée), qu’on est prêt désormais à s’enthousiasmer pour le moindre truc un tant soit peu flippant, «original» et gore (When evil lurks est interdit aux moins de 16 ans) en lui passant ses défauts. Les relevant, certes, mais préférant les négliger au final.
Parce que des défauts, When evil lurks en trimballe pas mal (ce qui ne l’a pas empêché d’emballer son petit monde). Il a aussi ses qualités, reconnaissons-le, mais le film ne tient clairement pas ses promesses et s’avère bien en-dessous de la plutôt bonne réputation qu’on lui a collée. Récit déjà vu du Mal à l’état pur venant faire ses emplettes dans un village rural en Argentine, prenant possession des corps et des âmes par contamination d’à-peu-près tout ce qui lui tombe sous la main (animaux, vêtements, chair, esprit…), When evil lurks aurait mérité plus de tenue et plus de rigueur, et peut-être aussi une ambiance rêche, envoûtante à la The witch. Parce qu’à de rares exceptions près (la scène chez l’ex-épouse du personnage principal, qui tourne à l’hystérie et à la boucherie), le film ne sait créer une atmosphère prenante faite de tensions et de sensations, de malaise qui s’insinuerait lentement en nous.
La dernière demi-heure viendra d’ailleurs confirmer le fait, Demián Rugna ne parvenant pas à conclure son film en se perdant (et nous avec) dans une sorte d’explication de texte laborieuse et une révélation qui fait pschitt (quand la toute dernière scène, elle, marque par sa belle noirceur). Il faut également admettre une interprétation pas toujours glorieuse avec des acteurs qui jouent comme s’ils se croyaient dans une telenovela, et une mise en scène sans panache et sans idées, et une musique souvent en décalage (en plus d’être omniprésente) avec le ton voulu par le film, de toute façon peu travaillé. Reste les quelques scènes gore qui, apparemment, ont suffi pour échauffer (et satisfaire) les esprits critiques alors que bon, on a vu plus généreux.
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