When we were Kings relate le fameux Rumble in the Junggle qui a eu lieu en 1974 à Kinshasa entre Ali et Foreman. Alors que l’œuvre de Leon Gast se déroule à l’échelle d’un combat, de sa préparation au sacre du champion, le documentaire surpasse la simple narration du duel et s’avère être une véritable biographie de Mohamed Ali.
Le documentaire nous permet d’apprécier la contextualisation du combat. Ali a 32 ans et veut organiser le premier championnat du monde de boxe en Afrique. Ce vœu concrétise ses idéologies politiques et sociales notamment sur la condition du peuple afro-américain, des africains et de l’homme noir plus généralement. C’est en homme de foi et de conviction que Mohamed Ali se rend au Zaïre, actuel République Démocratique du Congo, dans un contexte politique tendu avec la présence du dictateur Mobutu au pouvoir et l’ombre de la colonisation belge qui hante encore les esprits. C’est dans ces circonstances qu’Ali devient vite adulé, les zaïrois voient en lui un frère fort qui rebute l’oppresseur la tête haute.
Ali boum yé
Mohamed Ali était pour tous les sportifs, une source d’inspiration intarissable. Il était un penseur à l’esprit vivace, au physique coriace et à la mentalité incorruptible. Boxeur hors pair et passionné, il possédait également un humour redoutable bonifié par son impertinence. Ce sont ses sorties médiatiques qui mettaient le mieux en relief ce personnage désinvolte synonyme d’un besoin de liberté omniprésent chez ce dernier.
Je sais où je vais et je connais la vérité ; de ne pas devoir être
ce que vous voulez que je sois. Je suis libre d’être ce que je veux.
C’est donc sous son caractère d’homme invulnérable que ses adversaires le voyaient. L’intelligence de ses propos n’avait d’égal que sa maîtrise sur un ring, à l’image de la tactique qu’a su entreprendre Ali contre George Foreman. Ces qualités sont brillament mises en exergue par les intervenants qui lui prêtent, de plus, un style remarquable. Entremêlant efficacement, images d’archives, témoignages et interventions médiatiques et force d'un travail de montage scrupuleux, Leon Gast nous mène doucement vers le final qui parachève le propos du réalisateur, à savoir le combat en lui-même.
Désormais, ses pamphlets, qui sont de réelles œuvres didactiques, résonnent à travers les générations pour la postérité du noble art et de la culture afro-américaine. Alors que la récente disparition de The Greatest retentit encore dans les mémoires, l’homme qui a « lutté avec un alligator, tabassé une baleine, mis des menottes à la foudre, foutu le tonnerre en prison, tué un roc, blessé une pierre, et envoyé une brique à l’hosto » termine sa course au dernier round vaincu par la maladie et entre dans la légende.