Damien Chazelle, vous connaissez ? Moi non plus. Son fait d’armes le plus célèbre : avoir coécrit Le Dernier Exorcisme 2 (3,9/10 de moyenne sur IMDB). Quant à sa première réalisation, elle remonte à 2009 et personne ne l’a vue. Voilà qui inspire confiance. Et c’est là qu’arrive son Whiplash (littéralement « coup de fouet ») qui, depuis sa projection à Sundance en janvier dernier, enchaîne les festivals - Cannes, Toronto, Deauville - et se construit une solide réputation de bombe filmique.


Le parfait inconnu Damien Chazelle aurait-il accouché d’un premier chef-d’œuvre à même pas 30 ans ? Oui, mille fois oui. Pour vous dire, je suis sorti du cinéma il y maintenant une bonne demi-heure et je suis encore estomaqué. Physiquement. A ce niveau, c’est même plus une claque, c’est un coup de boule dans les gencives. Je ne rappelle même plus la dernière fois qu’un film m’avait fait un tel effet. Bref, faut que je vous raconte ça.


Whiplash, c’est l’histoire d’Andrew Neyman (Miles Teller, une petite révélation), un jeune prodige de la batterie qui étudie dans le meilleur conservatoire des Etats-Unis. Repéré par Terence Fletcher (J.K. Simmons, bluffant), professeur de jazz et chef d’orchestre tyrannique, il mettra tout en œuvre pour gagner le respect de son mentor et hisser sa technique jusqu’à la perfection.


Il s’agit donc d’un film sur l’ambition et les sacrifices qui vont avec. Immergé dans un univers ultra-compétitif, Andrew abandonne le peu de vie sociale qui lui reste pour travailler d’arrache-pied et tenter de satisfaire un prof qui, bien sûr, n’en a jamais assez. Particulièrement intransigeant et irascible, Fletcher terrorise ses élèves, les humilie et les couvre d’insultes (d’ailleurs très inspirées, à la manière du fameux sergent instructeur de Full Metal Jacket), les pousse à recommencer inlassablement les mêmes micro-passages … Un monstre de perfectionnisme qui ne recule devant rien. Ca tombe bien, Andrew non plus, quitte à mettre sa santé en danger.


En filmant au plus près la sueur et le sang, les grimaces de douleur, les gestes répétés à l’infini, Chazelle parvient à transmettre la souffrance de son personnage, à tel point qu’il est parfois difficile de garder les yeux ouverts. La présence à l’écran d’Andrew est quasi permanente et les respirations narratives, trop rares, ne suffisent pas pour reprendre son souffle, surtout dans la deuxième partie du film.


Plus encore que la musique, le son occupe une place de choix dans la mise en scène, notamment lors des répétitions où le moindre bruit parasite est immédiatement capté par la caméra. Associée à un montage rythmé voire agressif, cette façon de souligner les infimes variations sonores de l’environnement décuple l’ambiance tendue déjà soigneusement entretenue par ce grand malade de Fletcher.


Le scénario en lui-même tourne autour de la relation maître-élève et parvient à semer le trouble sur les véritables intentions du professeur. Tantôt terrifiant, tantôt charmant (ou même touchant, oui oui), Fletcher brouille les pistes jusqu’à la magnifique séquence finale, particulièrement grandiose. Pour ma part, c’est sans doute la plus fascinante scène musicale jamais vue au cinéma. Et le pire, c’est que je ne suis pas particulièrement amateur de jazz…


Apparemment, Whiplash sort le 24 décembre en France. C'est clairement pas le film de Noël idéal mais bon, c'est peut-être le meilleur long métrage que vous verrez cette année. Attendez le 26 quoi.

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le 30 sept. 2014

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Arthur Bayon

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