Je n'en attendais rien, j'ai pas été déçu et encore moins satisfait.
C'est un détournement, une arnaque garnie de remplissages. Je me pose des questions sur les yeux et les oreilles de la commu au vu de la moyenne ahurissante du film sur le site.
Dès le début, je le sentais pas trop. Je sais pas qui est le chef op mais je ne salue pas son travail. On commence en extérieur, avec des verts et sa fumée pompés sur Taxi Driver, parce qu'on est des pros et qu'on a des refs. Au final, tout est concentré sur l'intérieur et c'est pas glorieux. Chaque plan demande un éclairage over-the-top, même pour la moindre scène dans la maisonnée familiale. C'est lourd, m'as-tu-vu, parce que ça ruine tout effort de mise en scène de l'intime en se rabâchant sur des critères plastiques.
La photographie me dégoûte. C'est l'overdose de scènes d'intérieures garnies de filtres pisseux jaunâtres/orangés tout du long. Gluant, aseptisé et empâté dans une vaseline lisse, sans saveur. L'utilisation systématique de la courte focale avec mise au point ultra appuyée est lourde, d'autant plus que c'est appliqué avec un numérique sans finesse en termes de couleurs comme de la zone de champ en question.
Le scénario est convenu et conformiste, ce qui est, de toute évidence une petite insulte au jazz qui à mes yeux ne sera jamais une musique de conservatoire. On veut nous montrer l'envers du décor, le seul jazz club est (volontairement?) anecdotique et l'effort est porté sur les grandes scènes de et pour la haute. Garde ton jazz de connard, Chazelle, rejouer des classiques ça fait pas de toi un connoisseur, n'en déplaisent aux gens pour qui le jazz c'est une compil Blue Note records ou la collec de papa.
Le scénar, donc : une anecdote sympa (apocryphe d'après ce que j'ai pu lire, le prétexte reste potable), rabâchée comme un évangile se décomposant ainsi : promesses angéliques, chemin de croix, Passion puis Pâques en guise de conclusion. Au secours. C'est nul. J'ai pas d'autres mots. Comment on peut se contenter de ça ? C'est simpliste et idiot. Vite fait, parce qu'a priori on a tous les deux vu le film : le prof olala il é méchan (horriblement cliché et manichéen), il me pousse dans mes retranchements et je doute parce que je suis une victime. Sinon, et vazy les grosses ficelles en guise de péripéties. Je me lève pas, je suis en retard. Olala mon bus il crève (c'est dingue la loi de Murphy en 100 minutes de script). L'affrontement psychologique est sommaire et à peine digne du plus quelconque des novelas, sous l'égide d'un rapport élève-maître binaire. Tout passe par de la violence spectaculaire : de la poudre aux yeux avec plein de parallèles douteux. Le côté abusivement graphique est totalement gratuit, et ça, c'est vraiment une petite pignole petite-bourgeoise pour impressionner, sans rien soulever dans le fond. Justement, une fois la démystification faite (cf. plus haut), il ne reste pas grand chose.
Egalement, quid de la love story à peine esquissée -non en fait c'est complètement torché, ne soyons pas complaisant ? Quid de CE PUTAIN DE PATHOS A DEUX FRANC je saigne (on notera l'appui à nouveau chrisitique), j'ai un accident (seul plan osé et valable du film en terme de mise en scène à mon goût pourtant), je me suis fait trahir comme un bleu regardez comment c'est injuste. Et on fini sur un ave maria de la justice en coda.
Poursuivons donc sur la dernière scène. C'est un plan séquence. Si, si. Malgré le nombre de plans qui vous ferait passer un clip de MTV pour un film de Tarkovski, j'ai eu la brillante idée d'épargner mes yeux et d'ouvrir mes oreilles. Et bah, c'est bien. Vraiment... c'est intense, rythmé, plaisant comme il faut. J'ai revu la scène les yeux ouverts, c'est trivial, empli de mimiques caricaturales. On retombe dans le gimmick suivant : il faut que la souffrance et la récompense physiologique soient manifestes, d'autant plus que le perso est une coquille vide sans personnalité. Mais bon, on en a eu pour son argent : on a vu le don des acteurs, du musicien (cf. Deux mythes du jeune théâtre de Barthes, absolument) et les signes de l'effort.
Et puis l'autre qui devient soudainement subjugué (illumination, révélation), paye ta crédibilité. La caméra étouffe la musique, ruine tout effet d'intensité parce qu'elle veut en donner artificiellement. C'est trop carré, millimétré. Bordel mais tout était dans la batterie !!! Un plan fixe ç'aurait été le pied, la contemplation absolue de l'acmè musical. Mais non, il fallait faire passer le message au spectateur (t'as compris c bô et intense) -et accessoirement gagner un prix de sympathie académique. Donc la prochaine fois ̶D̶a̶v̶i̶d̶ Damien, jette ta caméra c'est pas pour toi et fais un film musical sans la moindre image, tu seras moins pédant (poke blablaland).
Perso, je retourne écoute Elvin Jones sur Crescent, sa patte de chaton aura définitivement plus de charme qu'un double tempo tenu pendant 10 minutes. Ah, et Buddy Rich était auto-didacte.
PS : kdo http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-3.html