Nominations aux Oscars pour le meilleur film, pour le meilleur second rôle masculin, pour le meilleur scénario adapté, pour le meilleur montage et pour le meilleur mixage son. 5 bonnes raisons qui viennent confirmer la qualité déjà indéniable de Whiplash, drame cadencé par son ingénieux focus sur la musique. Damien Chazelle, batteur de jazz à l’origine, écrit une partie de lui-même dans ce film coup de poing, qui derrière cette propulsion tout azimut de violences rythmiques a séduit mes cinq sens bien au-delà de ce que j'attendais.

Féru de jazz ou non, on ne peut que se retrouver dans la quête d'Andrew, prêt à tout pour devenir le nouveau Charlie Parker de ce siècle, jusqu'à en saigner s'il le faut. Là-dessus, Chazelle dépose quelques dialogues bourrés de bon sens, et une partition scénaristique très justement calibrée sur laquelle performent Miles Teller et J.K. Simmons (mention spéciale au second pour son charisme implacable et sa justesse de jeu). Puis insuffle le rythme nécessaire à la teneur de son récit, collant de près au tempo si cher à Terence Fletcher dans le film.

Les mecs. C’est pas du heavy-metal, mais c’est violent. Mais violent jouissif. Ici, la musique est captée dans ce qu'elle a de meilleur, et chaque séquence de jazz est filmée dans le détail et sous tous ses angles : à des contre-plongées sur les musiciens se succèdent des inserts sur les instruments, puis des jeux de flou se mêlent aux focales courtes, sans oublier ce duel caméra mémorable entre le prof et son élève sur le final.

Damien Chazelle manie la caméra d'une main de maître, et emporte avec lui un spectateur conquis par la bienheureuse union du cinéma et de la musique. À ce titre, le jazz est bien sûr l'invité d'honneur de la bande-originale, alliant généreusement cordes aguicheuses, percussions endiablées, trompettes en folie et cavales frénétiques sur piano.

Chazelle, tout comme le héros de son film, a bossé comme un acharné. Et le travail paie. Le film vous prend avec lui dès les premières secondes, respire avec vous, délivre tranquillement sa foule de frissons, et ne vous lâche qu’une fois le dernier plan achevé. Pour sa sublime photographie, sa stupéfiante mise en scène, et son incroyable interprétation, Whiplash est LA grande surprise de ce début d'année. Un film sur la musique, les rêves, le courage, le dépassement de soi, qui a su faire battre mon petit cœur de cinéphile sur le meilleur tempo qui soit.
Maître-Kangourou
10

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Créée

le 22 janv. 2015

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