A l’heure du politiquement correct et du médicalement assisté, Whisky à gogo est une petite impertinence à la saveur bien agréable. Soit la démonstration généralisée des bienfaits de cette boisson aux vertus magiques, qui scelle les mariages, décoince les sourires, motive les danses et revigore le 3ème âge.
L’intrigue, assez élémentaire, permet dans un premier temps, par la pénurie de whisky sur l’île écossaise, de démontrer son indispensabilité. Mornes, ayant perdu le gout de vivre, les habitants prennent enfin la mesure des conséquences de la guerre : la parodie est plaisante, mais force est de constater que la neurasthénie ambiante guette le spectateur lui-même. Un brin laborieux, le début souffre d’un manque de rythme évident, et l’on doit prendre son mal en patience avant que la mécanique ne soit vraiment lancée.
A partir du moment où la petite ville s’organise pour subtiliser la cargaison du bateau échoué, la comédie prend enfin ses droits. Malins, retors, inventifs : les habitants font preuve d’une solidarité hors pair dans ce qui devient un véritable jeu du chat et de la souris entre eux et les autorités. Le sergent complice explique comment se faire neutraliser pour permettre la contrebande, tandis qu’on cache les bouteilles ou le liquide dans les endroits les plus improbables avant l’arrivée des Anglais, avant une course poursuite sur la plage et à travers les barbelés.
Tendre avec ses personnages, dessinant une carte postale de l’Ecosse qui n’a rien à envier à nos villages d’irréductibles gaulois, Whisky à gogo n’est certes pas long en bouche, mais sait ménager quelques petits plaisirs par un éloge nonchalant et assumé de l’hédonisme.