Homme libre toujours tu chériras la mer. Et le whisky.
Tout bien considéré, pour et contre pesés, que demander de plus au seigneur que ce délicat breuvage ? L’eau de la vie. Les habitants de l’île paradisiaque de Todday l’ont bien compris. A l’heure du choix, cinéma et dancing ont été oubliés pour céder la place au débit de boisson. Et, au sein de ce microcosme, tout le monde mène une paisible et agréable vie.
Jusqu’à la guerre et ses terribles restrictions. Plus de whisky. Coup du sort. Il ne reste qu’à prier pour des jours meilleurs.
Le Seigneur étant, comme chacun sait, omniscient et bienveillant, il ne tarde pas à faire parvenir à ses ouailles un plein cargo du précieux nectar qui aura la bonne idée de s’échouer à quelques miles des côtes de l’île.
S’engage alors une lutte sans merci entre consommateurs en manque et police locale intransigeante pour le contrôle de la cargaison.
En 1949, la comédie anglaise distille déjà son imparable humour déviant. Véhiculé ici par les hilarantes gueules de nos insulaires. Impossible de contenir ce rire franc, libérateur qu’offrent leurs simagrées et leurs absurdes aventures.
La musique est également pour beaucoup dans le comique des situations mises en scène. Tantôt dramatique, énergique, surprenante, elle apporte énormément à l’œuvre.
Bien sûr, l’originalité s’arrête globalement au contexte. Les artifices comiques, comme ceux de réalisation, sentent le déjà-vu. Même pour l’époque. Mackendrick s’appuie, pour son premier film, sur des valeurs sures.
Puis il y a cette dantesque course poursuite. Bullit, en comparaison, c’est du réchauffé. Il fallait cette scène pour hisser la comédie du statut de sympathique distraction à celui de réussite. J’ai tremblé pour ces caisses de whisky. Branlantes, soumises à la grâce de Dieu, défiant la pesanteur, enchaînant les virages à pleine vitesse. J’ai prié pour elles.
Un spectacle rafraîchissant. Pour ceux qui aiment la mer. Et le whisky. Pléonasme.