Vu en avant-première à L'Etrange Festival, White God détrompe les attentes. Avis aux avides de massacre et autres giclées de sang assénées toutes les cinq minutes: passez votre chemin. Le film n'est pas la folie annoncée, ou du moins pas dans le sens attendu...

On peut dire que Mundrunczo soigne ses entrées et sorties: l'ouverture du film, ainsi que son plan final, sont éblouissants. Dommage que le reste ne soit pas à la hauteur, aussi bien dans ses promesses narratives (l'ambiance apocalyptique des cinq premières minutes ne sera plus jamais palpable par la suite) que ses fulgurances esthétiques. En effet les trois quarts de la mise en scène de Mundruczo se résument par la suite à une caméra incapable de nous pondre un plan qui ne tremble pas (c'est d'ailleurs à croire que Von Trier lui a refilé son Parkinson).
White God est, pour reprendre une image utilisée par le présentateur du festival, un film qui a du mordant (la nécessité de la révolte des minorités face à une société insensible et corrompue qui les rejette) mais manque singulièrement de chair (le film ne parvient jamais à transcender cette métaphore trop lisible). Aussi les multiples changements de ton opérés par le scénario s'apparentent davantage au simple exercice de style, néanmoins digne d'intérêt et pour le coup véritablement original: ce qui débute comme un film pour enfants se transforme progressivement en film social, avant de prendre le virage du revenge movie et du film fantastique. De la même manière, et c'est peut-être là le point fort du film, Mundruczo mixe premier et second degré d'une manière telle que White God ne verse jamais dans le décalage pur et simple, mais jamais non plus dans le ridicule alors que, sur le papier, certaines idées s'y prêtent. Le titre lui-même anticipe déjà cet état paradoxal d'une oeuvre sérieuse qui ne se prend pas au sérieux: "White God" est à la fois un titre en lui-même assez sentencieux tout autant qu'une reprise détournée du génial "White Dog" de Samuel Fuller.

Peut-être qu'à trop vouloir s'extirper d'un héritage volontiers étouffant (il fut épaulé par Bela Tarr sur ses précédents films), Mundruczo a voulu accomplir une sorte de grand écart... alors, remise à plat de son cinéma ou simple récréation ? Quoi qu'il en soit, ce White God constitue un étonnant bazar, un ovni foutraque et inégal mais qui mérite vraiment le coup d'oeil.
CableHogue
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le 7 sept. 2014

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