Kornel Mundruczo est un réalisateur Hongrois, dont "White God" est le sixième film. Il fût sélectionné au festival de Cannes 2014, dans la catégorie "Un certain regard" ou il obtint le prix du même nom. il aura fallu attendre près de sept mois, pour que le film sorte enfin sur nos écrans, pour que l'on puisse juger de sa qualité, par nous-mêmes.

La scène d'introduction post-apocalyptique est surement la plus réussie du film. Une jeune fille sur un vélo, erre seule dans les rues désertes de Budapest, croisant une voiture abandonnée sur un pont, portes ouvertes et feux de détresse enclenchés, laissant présager d'un danger. Celui-ci est représenté par une horde de chiens, qui se lancent à la poursuite de celle-ci, avant un flash-back, nous expliquant comment nous en sommes arrivés là.
La jeune fille est l'héroïne de l'histoire, interprétée avec justesse par Zsofia Psotta, révélation du film. Sa mère part avec son nouvel ami pour trois mois à Sidney, laissant sa fille avec son père, avec lequel les rapports semblent difficiles. La présence du chien de Lili (Zsofia Psotta), n'arrange pas la situation. Hagen est un bâtard, de ce fait, un impôt doit être payé par ses maîtres, sinon il part à la fourrière. Lili aime Hagen, plus que quiconque et ne veut pas l'abandonner, mais celui-ci est indésirable par tous et surtout les hommes. Après une dispute, il est abandonné. C'est le début d'un parcours initiatique pour Hagen, découvrant la violence des hommes, qui ne voient en lui, qu'un moyen de gagner de l'argent ou de se nourrir.

Critique de la Hongrie, rongée par la misère, le racisme et l'ultra-violence. On pourrait aisément transposer cette histoire dans de nombreux pays, dont la France, aussi en proie à cette vague de haine, qui bouffe notre société, relayé par les médias, instaurant la politique de la peur, au travers des discours du front national, d'Eric Zemmour et autres personnages profitant de la crise, pour réveiller un racisme latent, qui s'étale dorénavant et sans gênes, dans les quatre coins de notre Gaule.
Kornél Mundruzco a pris le parti, de représenter les minorités opprimées, au travers des chiens. Hagen devenant le leader de cette communauté, après avoir subit la plupart des exactions par les hommes. Tel "Spartacus", ou plus récemment "Gladiator", il va se révéler avec une nouvelle identité, Max. Un parcours, qui a parfois des allures de document animalier, ou d'un Disney, tout en renvoyant aux "Oiseaux" d'Alfred Hitchcock. Un mélange des genres, un peu déstabilisant, qui rappelle aussi "La planète des singes", "Cujo" ou "White Dog", dont il emprunte le titre, en transformant Dog, en God. Un anagramme, que le réalisateur explique : un chien peut de manière innocente et naïve, suivre les humains, comme nous parfois un dieu. White Dog est donc l'homme blanc, vu comme un dieu par les chiens.

Malgré cette parabole intéressante sur notre société actuelle, le film se traîne en suivant notre héros Hagen/Max. Même si la réalisation est plutôt réussie, elle est à la peine dans les scènes d'actions, ne conférant que rarement un sentiment de danger et d'urgence, oscillant entre l'envie de montrer ou de suggérer. Elle s'offre un moment légèrement gore, pour démontrer la violence des chiens, en réaction à celle des hommes, qui les oppriment. On peut aussi regretter la facilité de l'évolution des rapports entre la fille et le père, tout comme l'absence de but, dans la révolte des chiens. Des scènes restent à l'esprit, comme celle de l'introduction, que l'on reverra, ou l'évasion des chiens.

Un film intéressant, mais pas vraiment passionnant, qui manque de subtilités, faisant souvent preuve de lourdeurs ou en forçant le trait, au travers de ses hommes violents et fourbes. Elle laisse un sentiment d'inachevé, tout comme une absence d'émotions, même si l'on se prend d'affection pour Lili et Hagen/Max.
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le 3 déc. 2014

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Laurent Doe

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