Grande figure de l'Ouest, Wild Bill Hickock se retire à Deadwood, après avoir tué par erreur son shérif adjoint. Il ne peut guère se défendre à la suite de problèmes de santé, un glaucome, et va y retrouver une vieille amie, Calamity Jane.
Bien souvent dans sa carrière, Walter Hill a tourné des westerns ou a flirté avec le genre, mais ici, il apporte une figure crépusculaire au genre, le film étant sorti peu de temps après Impitoyable, mais le portrait du personnage n'est pas en soi héroïque. C'est peut-être ça qui a causé du tort à son insuccès, à savoir que Wild Bill, brillamment interprété par Jeff Bridges, est montré ici comme un homme diminué, avec ses problèmes de vue, et sa mort n'a rien d'émouvante ni de tragique. Il sera froidement abattu dans le dos par un certain Jack McCall, joué par David Arquette. L'ironie étant qu'il ne voulait pas être mort de la même façon qu'Abraham Lincoln !
Il y a aussi une très bonne actrice en la personne d'Ellen Barkin, Calamity Jane, dont leur relation est plus proche d'une amitié amoureuse qu'une véritable love story, et qui est venue s'établir à Deadwood qui semble un repaire de malfrats à ciel ouvert. D'ailleurs, je me demande si ce film n'a pas servi de point de départ à l'excellente série du même nom, où d'ailleurs Walter Hill a réalisé le premier épisode, car on y trouve aussi cette impression d'enfer, où le ciel semble toujours gris, et la boue est présente tout le temps au risque de s'y vautrer dedans.
Au vu de sa mauvaise réputation, et de son désastre au box-office américain, je m'attendais franchement à pire. Mais le choix de Walter Hill de montrer son personnage principal de façon si affaiblie, avec rien de spectaculaire en soi (dont un duel en fauteuil roulant face à un vieil homme que joue Bruce Dern). Et aussi une volonté de surligner un peu trop la destinée morbide qui attend Wild Bill, et dont on s'y attend puisque le film démarre par son enterrement ; tout comme les flashback en noir et blanc avec des plans obliques (pourquoi ?) qui préfigurent sa mort prochaine, ainsi que la voix off de son ami, Charley Prince, joué par John Hurt, qui paraphrase pas mal ce qu'on voit à l'écran.
Etrange film que ce Wild Bill, qui ne montre pas l'héroïsme en majesté, mais qui restitue très bien que la fin d'un héros, entre guillemets, peut être aussi pathétique et triste qu'un quidam. Et quand en plus, c'est aussi bien joué par Jeff Bridges, j'adhère !