Voici encore un western que j'aime bien. Un western qui respire l'authenticité.
Tom Gries est un réalisateur et un scénariste qui a surtout eu une carrière à la télé dans des séries et qui a fait quelques films d'action ou westerns comme "les cent fusils" ou encore "le solitaire de Fort Humboldt" avec Charles Bronson. Mais de tous ceux que j'ai vus, c' est "Will Penny, le solitaire" que je préfère.
L'histoire est simple et tiendrait presque du documentaire, tellement Tom Gries a chiadé les petits détails et les personnages. Facile, il a mis en scène son propre scénario.
Will Penny est un cowboy solitaire et vieillissant qui se fait brocarder par les cow-boys plus jeunes avec qui il travaille. Une fois que le job de transfert du bétail achevé , il faut pouvoir dare-dare trouver un autre travail si on veut becqueter et passer l'hiver commodément. Mais c'est un dur qui ne s'en laisse pas compter. Il finit par trouver un travail de surveillant de troupeau dans un pacage isolé dans la montagne.
Charlton Heston joue le rôle de Will Penny. En 68, il a 45 ans et donc est dans la bonne tranche d'âge du rôle (la cinquantaine) ; d'autant qu'un cow-boy, comme celui du rôle qui a été abandonné très jeune et a passé son enfance à trainer dans les saloons avant de devenir cow-boy et vivre à la dure, est vieux bien avant d'arriver à la cinquantaine. Le personnage de Will Penny est très attachant car profondément honnête et moral bien qu'il n'ait jamais reçu la moindre éducation. Cependant, ça ne l'empêche pas d'être clairvoyant et parfaitement réaliste. Charlton Heston, qui est une star à cette époque, joue le rôle avec mesure et un profond respect du personnage rugueux et analphabète de Will Penny.
Le deuxième personnage remarquable de ce film c'est la femme Catherine Allen, qui croise par deux fois Will Penny alors qu'elle traverse la région avec son jeune fils, convoyée par un homme qui, payé d'avance, va l'abandonner. Elle va finir par passer une partie de l'hiver dans le refuge de Will Penny. Une relation platonique va s'établir entre Catherine et Will. Tout un monde immense sépare les deux personnages. Elle vient de Saint-Louis et est "well educated". Elle ne mesure peut-être pas l'écart, je dirais culturel ou social, que Will Penny s'efforce de masquer par son dévouement et sa gentillesse. "ne dites à personne que j'ai trait une vache"
C'est Joan Hackett qui interprète avec sobriété et douceur ce rôle. Joan Hackett a peu joué au cinéma et a plutôt œuvré dans des séries TV. Elle est, ici, très crédible et convaincante dans ce rôle.
Le troisième personnage de ce western, c'est justement le fils d'une dizaine d'années de Catherine Allen. En définitive, il joue un rôle clé dans la relation entre Catherine et Will. Il est complètement subjugué par le personnage de cow-boy de Will Penny et par les aventures associées que le gamin imagine.
C'est Jon Gries, fils du réalisateur, qui joue le rôle (11 ans dans la réalité et son premier rôle). Son jeu est spontané et là encore plutôt convaincant.
Le quatrième personnage, c'est l'inévitable "méchant" du western. C'est Donald Pleasance qui l'assure dans un rôle d'un prédicateur mystique à demi fou, chef d'une famille de branquignols très malfaisants qui a un compte à régler avec Will Penny. Dans le rôle, Donald Pleasance excelle même si on peut le trouver à la limite du sur-jeu. Mais un mystique à demi fou demande bien un peu de sur-jeu !
"Will Penny, le solitaire, est un western plutôt méconnu. A mon avis, à tort car les personnages sont fascinants, l'histoire entre Catherine et Will, superbe de pudeur et de sincérité. Et puis comme j'ai déjà dit, les diverses scènes ou situations sont très réalistes et authentiques dans de magnifiques décors.
A la fin, on s'attend (= on est persuadé de) à une fin hollywoodienne, avec tout ce qu'il faut en terme de musique, qui ne vient pas ! Et c'est toute la subtilité et la justesse du scénario et de la mise en scène qui justifiera la fin choisie par Tom Gries.
En échange, on aura droit à une splendide chanson country "The lonely Rider" chanté par Don Cherry (le chanteur, pas le trompettiste !)