Willard est surtout le portrait psychologique d’un jeune homme perturbé vivant reclu dans sa grande maison familiale et hanté par une mère castratrice. Il y a ici un petit parfum de Norman Bates dans le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, Psychose. Le film vaut surtout par l’extraordinaire travail réalisé sur une multitude de rats, ainsi que par son casting : Bruce Davison excellent dans le rôle de Willard, le grand Ernest Borgnine dans le rôle d’un patron particulièrement saligaud, Elsa Lanchester (l’inoubliable créature dans le chef-d’œuvre de James Whale, La fiancée de Frankenstein), et Sondra Locke qui deviendra l’actrice de plusieurs films de Clint Eastwood (et sa compagne). Quant à la réalisation, elle est très soignée mais reste tout de même assez impersonnelle. Pour les philosophes, le film a « l’honneur » d’être résumé et analysé par Félix Guattari et Gilles Deleuze dans Mille plateaux pour illustrer leur théorie sur les « devenirs – animaux » : « Tout y est (dans Willard) : une devenir-animal, qui ne se contente pas de la ressemblance, auquel la ressemblance ferait plutôt obstacle ou arrêt, - un devenir moléculaire, avec le pullulement des rats, la meute, qui mine les grandes puissances molaire, famille, profession, conjugalité (...) ». Le film est disponible en blu-ray aux éditions ESC dans une copie absolument superbe.

Jean-Mariage
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le 19 nov. 2020

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