Taylor Sheridan avait fait un bon boulot avec le scénario de "Comancheria" en particulier, et ne loupe pas son passage à la réalisation en transposant son univers tellurique et pessimiste du désert brûlant au froid de l'enfer : pour un premier film, "Wind River" est presque une réussite intégrale (il suffit juste de ne pas trop s'offusquer de l'application à la lettre de la loi du talion à la fin...). Sheridan a compris que pour faire un grand thriller, il faut filmer un territoire, et des gens qui s'y inscrivent et y vivent, plutôt que de se préoccuper d'une intrigue compliquée (Remember "Fargo" ?). Rajoutez une touche de réalisme social ou politique - l'abandon des populations indiennes par un gouvernement qui se soucie plus d'extraction minière ou pétrolière est un bon sujet en notre époque "trumpienne", non ? -, engagez de bons acteurs (et si Renner avait trouvé là le rôle de sa vie ?) et le tour est joué. Deux heures fascinantes, parfois même magnifiques en dépit d'une légère tendance à la sur-explication (les conseils sur le travail de deuil... lourds ! Le flash-back inopportun... inutile !), deux heures d'intense fascination devant une nature immensément cruelle et de compassion envers des personnages qui n'ont jamais eu aucune chance de s'en sortir. Ah, une dernière chose : Cave et Ellis nous offrent une fois de plus une BO impeccable, mais Sheridan aurait dû prendre au mot ses personnages et faire le pari du silence. [Critique écrite en 2017]