Mettant en scène Ree, une jeune fille portant un lourd fardeau (la responsabilité de ses jeunes frère et sœur ainsi que sa mère enfoncée dans un état de mutisme et d'inactivité profonds), celle ci tombe des nues quand on lui annonce, pour ne rien arranger a la situation, que son père est porté disparu depuis sa libération sous caution.

En effet, il s'avère que la caution en question est la maison dans laquelle vit l'héroïne et le reste de la famille. C'est à partir de cette intrigue que démarre le film, qui se place dans l'un des états les plus pauvres des Etats-Unis. Un endroit ou la civilisation ne semble être qu'une rumeur lointaine, et que ces gens ne connaissent que par le biais de la télévision, ou des rares contacts avec des personnes d'autorité.
Comme cet officier de police qui vient informer notre héroïne de la situation critique dans laquelle son père les a placés, et qui semble venir d'une toute autre planète. Après tout, il est difficile pour ces gens de reconnaitre une autorité venant d'un monde aussi lointain.

Se retrouvant dos au mur, Ree n'a d'autre choix que de se confronter a la communauté a laquelle elle appartient. Ces gens retirés de la société et qui semblent former une famille a la fois si soudée et éclatée, et dont les "on-dit" semblent aller a foison. Quand on se rend compte que la drogue est la pièce centrale de cette affaire, on sent que la recherche du père ne sera pas aisée.

Cette quête pour la survie de la famille lui fait traverser tout le voisinage, dans un décor post-apocalyptique ou le temps semble s'être arrêté en cours de route, ou peut-être s'est il contenté de revenir en arrière, a une époque ou régler nos problèmes a coup solennels de duels au revolver au milieu de la rue n'était pas une chose étrangère.

La photographie du film est à ce sujet très réussie, ce décor de fin du monde tourné en hiver renforce l'impact recherché, et on se surprendrait presque a grelotter a certains instants, tant le tout s'avère glacial.

Glaciale, l'atmosphère l'est aussi au niveau des gens que Ree rencontrera. Les langues s'avèrent difficiles a délier, et rares sont ceux qui ne semblent pas montrer différentes facettes de leur personnalité suivant la situation, et on sent vite que le danger peut se montrer a chaque instant, entres les personnages déséquilibrés passant leur journée à se défoncer, et ceux qui semblent avoir quelque chose a cacher et susceptibles de faire taire les trop curieux.

L'évolution de la quête de Ree lui fera traverser toute sortes d'épreuves jusqu'à l'aboutissement, glauque au possible, et il est évident qu'il fallait une bonne actrice pour un tel rôle. Force est de constater que le pari est réussi en l'occurrence. L'interprétation de Ree est exemplaire et sans fausse note, et les second rôles n'ont vraiment pas a rougir en comparaison.

Au final, la réalisatrice a réussi sa mission ; raconter une histoire simple mais à la fois déroutante, tant ce monde est si rarement décrit au cinéma américain, et la manière de raconter l'histoire évoquera aisément le film Franco-Belge Rosetta, tant ces univers semblent si proches malgré l'océan qui les sépare.
Shourka
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le 29 juil. 2011

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Shourka

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