La trame policière de "Witness", ultra classique, n'est pour Peter Weir qu'un prétexte pour plonger le spectateur au sein une communauté Amish, étrangement anachronique au cœur de l'Amérique ultra moderne, et qu'il va filmer avec sobriété et authenticité, nous attachant malgré nous à ces personnages paradoxaux, prisonniers de dogmes et de carcans moyenâgeux, qui limitent l'expression de la liberté et de la joie à une portion plus que congrue, mais qui exaltent pourtant les valeurs fondamentales de la vie (la non violence, le respect du voisin et l'entraide commune sont un art de vivre normal). Le coup de maître de Weir est de nous faire partager lentement l'émotion qui envahit le cœur de John Book, homo americanus standard, et de faire basculer nos convictions vers une certaine "élévation spirituelle" (quelques scènes magnifiques évoquent Dreyer, c'est dire...) avant que la violence du monde ne fasse une irruption dévastatrice. [Critique écrite en 1985]
"Witness" est un beau film, donc, avec une vraie respiration, et qui offre à Harrison Ford son meilleur (son seul vrai ?) rôle. Pas sûr non plus que Peter Weir ait fait aussi juste par la suite… [Critique écrite en 2000]