L'homme est un loup pour lui-même.
Majid (Marwan Kenzari) sort de prison. Il a du retourner vivre avec ses parents et son petit frère. Il a un travail, qui doit lui permettre de se réinsérer dans la société. Mais Majid est un sanguin. Il est mal entouré par son ami d'enfance Adil (Chemseddine Amar) et son amie Tessa (Bo Maerten). Il tente de s'en sortir par le biais de la boxe américaine, avec son entraîneur Ben (Raymond Thiry), mais ses capacités physiques vont surtout attirer l’œil de la mafia turque et de son parrain Hakan (Cahit Ölmez), qui veulent en faire un des leurs.
Un nouveau film sur la banlieue, sa misère ses immigrés, sa violence et ses conséquences. Un air de "La Haine", avec son noir et blanc sublimant la performance de Marwan Kenzari, qui est la seule raison d'être de ce film, qui se révèle trop classique.
Il y a comme un air de "déjà-vu". Certes, cela se déroule aux Pays-Bas, mais la merde est la même partout en Europe. Les banlieues se ressemblent, les immigrés aussi et la misère pousse au trafic. Un constat social qui est le même partout, seul le pays est différent.
La réalisation de Jim Taihuttu est efficace. Le choix du noir et blanc est toujours un gage de qualité. Les acteurs sont bien aussi, Bo Maerten est magnifique, Cahit Olmez est parfait en parrain et le grand frère de Majid, Nasrdin Dchar est touchant.
Mais cet air de "déjà vu" est trop permanente. L'histoire est classique, on devine rapidement qui seront les traîtres et qui seront les victimes. Un traitement trop prévisible, qui ne tient la route que dans la première heure, avant de tomber dans la facilité, en enchaînant les clichés. Dommage, le film était jusque-là prenant, avec son ambiance sombre et pessimiste. Ce morceau de rap balancé en plein milieu, casse l'atmosphère, il est mal venu pour habiller les casses et réussites de la bande de Majid. Cela fait très américain. Il en sera de même pour le braquage du fourgon, un air de "Heat", mais version pauvre. Ce n'est pas méchant, on sent les influences de ses films sur le réalisateur, tout comme celle de "Raging Bull".
Sauf qu'il veut tout insérer dans un seul film. Même si c'est cohérent, ça fait trop, beaucoup trop. La simplicité des événements, faisait sa force. Les rapports avec son père, qui a honte de son choix de vie dans la délinquance. Avec son petit frère, dont il a peur qu'il prenne le même chemin que lui. Avec son grand frère cancéreux et en phase terminale, qui est le bon fils pour son père. Sa mère, femme soumise et effacée. Son ami, qui le jalouse et la belle Stella qui le rend fou. Sans oublier son parcours dans la boxe américaine et le grand banditisme.
Le basculement dans la cour des grands à tout les niveaux, augmentent la violence et les risques. Le film en fait donc plus, c'est logique. Mais cela me plait moins, j'étais plus à l'aise dans le drame social, dans le rapport avec sa famille et ses amis. Cela n'en fait pas un mauvais film, juste un film que j'ai déjà vu, avec des personnages à la psychologie bien définie.
L'absence de surprise et sa deuxième heure, rend l'histoire moins passionnante. Il en reste la performance de Marwan Kenzari, tout en puissance et en émotion, une révélation.
Le film aurait mérité une sortie moins confidentielle (UGC et MK2 l'ont snobé), il ravira ceux qui aime ce genre d'histoire, qui ont encore un œil neuf sur le sujet. Marwan Kenzari a reçu un prix pour son rôle, c'est amplement mérité. C'est sombre et violent, comme la vie.