Les amateurs de péloches HK connaissent surtout Jacky Wu Jing pour ses prouesses martiales dans des films tels que SPL, Drunken Monkey ou encore Invisible Target. Mais le petit prodige du wushu s’est également essayé au jeu de la réalisation en 2008 avec un Legendary Assassin de triste mémoire. Sept ans plus tard, il se relance dans l’exercice avec Wolf Warrior, un film de guerre qui dès la première bande annonce semblait nous promettre moult scènes d’action et tatanes, alignant en plus dans son casting Scott Adkins (Undisputed 2 et 3, Ninja 1 et 2), décidément omniprésent ces derniers temps dès qu’il s’agit de séries B d’action un peu couillues. Alors oui, Wolf Warrior est clairement au-dessus de Legendary Assassin (ce n’était pas bien dur en même temps), mais on est malheureusement encore loin du bon film…
En fait, ce qu’on regrette le plus dans Wolf Warrior, c’est son gros manque d’arts martiaux avec un casting pareil. Alors certes, c’est un film de guerre et pas un film de kung-fu, mais connaissant les prouesses martiales de Wu Jing et Scott Adkins, c’est limite criminel d’en faire aussi peu usage, surtout lorsqu’on se remémore un film tel que Eastern Condors de Sammo Hung qui mélangeait habilement castagne et échanges de coups de feu.
Pourtant, le film a de l’action à revendre, dans ses 15 premières minutes mais principalement dans sa deuxième moitié, et l’ensemble est de manière générale plutôt correct. Gunfights, explosions diverses et variées, courses poursuites dans la forêt, attaque à la mitrailleuse lourde,… Sans compter qu’en plus, ce n’est pas trop mal troussé et que Wu Jing s’essaie à quelques effets de style à la première personne en faisant mumuse avec des GoPro. Pourtant, on n’est jamais réellement emporté dans le spectacle qui nous est proposé car, en plus d’un manque d’originalité évident, tout est assez répétitif.
Mais soudain, alors que le film est sur le point de s’achever, Wu Jing et Scott Adkins se retrouvent face à face, couteau à la main. On se dit que, enfin, le moment jouissif qu’on attendait est enfin arrivé, celui pour lequel, soyons clair, on se lance dans ce film. On en a les mains qui tremblent et la quéquette qui frétille. Le combat commence. Deux pauvres coups de couteau, un coup de pied et 50 secondes plus tard l’affrontement est terminé. Et là, cette dégueulasse sensation d’avoir été pris pour un con nous envahit. Alors que ce combat aurait pu être épique, il nous achève et nous plonge dans la frustration la plus totale. Quel gâchis…
Mais là n’est pas le seul problème de Wolf Warrior, loin de là… On a l’habitude que les films de guerre chinois se la jouent propagandistes, mais ici c’est à la limite de la grossièreté. La Chine est géniale, les soldats chinois sont courageux, les méchants ce sont les occidentaux (le retour des gweilos des années 80/90 ?), bla bla bla, on connait le topo. Mais comme ça ne suffisait pas, et pour montrer à quel point les soldats chinois sont dévoués corps et âme à leur mère patrie, ils se battent avec un autocollant sur le bras sur lequel est inscrit en anglais : « I fight for China ». Un discours limite putassier qui atteint son apogée lors du « combat » de fin, où même le méchant prend le temps de dire au gentil héros chinois via une punchline génialement naze : « Tu n’es peut-être pas le soldat le plus intelligent, mais tu es clairement le plus courageux ». C’est pas beau ça ? Ils sont fort ces chinois, ils sont très forts !
Citons également des scènes d’un ridicule absolu, comme cette attaque de loups (numériques et moches) improbable ; ces méchants occidentaux qui pour provoquer l’ennemi ne trouvent rien de plus puéril que d’écrire sur un gros rocher à la bombe de peinture : « Méchants soldats chinois » ; ces flashbacks sans intérêt dans le sens où on vient de voir la scène en question cinq minutes avant montre en main ; cette bande originale se la jouant épique à outrance alors que le film n’arrive à aucun moment à nous faire ressentir la moindre émotion… On n’est vraiment pas loin du naufrage cinématographique…
Wolf Warrior fait partie de ces films où toutes les bonnes choses sont montrées dans la bande annonce. Du coup, le visionnage nous laisse un arrière-gout amer entre déception et frustration. Il se laisse malgré tout regarder sans déplaisir et c’est déjà ça de pris.
Critique originale http://www.hkmania.com/?p=31437