Film qui sort des sentiers battus des films commerciaux. Il est catalogué comme une comédie, mais pour moi il est inclassable. Pour info, je n'ai entendu rire qu'une fois dans la salle.
La situation de départ est originale : on découvre une activiste, en pleine opération de sabotage. On pourrait donc se croire parti pour un film d'action ou de suspense. Et puis non : on voit assez vite son retour à la vie normale et on comprend alors que l'on est parti pour un film vraiment très spécial, car même si un autre élément original vient se greffer (l'héroïne apprend que sa demande d'adoption, faite 4 ans auparavant,a abouti et qu'une petite fille ukrainienne l'attend), l'histoire se déroule presque sans surprise, et le film oscille entre poésie, absurde et dénonciation de l'humanité.
Vu au Cinexpérience #106, le réalisateur et l'actrice principale étaient présents. Le réalisateur a ainsi indiqué à l'assemblée qu'il avait un passé d'activiste. Pourtant ce n'est pas de cela que découle le film. Il a précisé (a-t-il menti ?) que son inspiration était venu d'une image, d'une vision d'une femme qui court seule dans la nature islandaise. Je suppose donc qu'il a cherché un prétexte pour construire une histoire autour de ces images qu'il avait eues en tête, que les éléments se sont ajoutés petit à petit pour donner ce film. Son expérience d'activiste par exemple, mais aussi le fait d'avoir intégré un touriste étranger que l'on retrouve à plusieurs moments dans le film (c'est un clin d'oeil voulu par le réalisateur car ce personnage, joué par un de ses amis, était déjà dans son film précédent, Des chevaux et des hommes), la volonté de montrer les musiciens et parfois les chœurs qui jouent certaines musiques d'illustration du film, tels les chœurs dans le théâtre grec antique (dixit le réal), ou encore ces questions philosophiques (et/ou politiques) qui flottent tout au long de l'histoire, sans trop s’appesantir dessus. Ce dernier point devrait en frustrer quelques-uns, mais je pense vraiment que le réalisateur ne voulait pas faire un film politique ou réaliste.
Je n'ai pas pris spécialement de plaisir, mais j'ai apprécié la poésie de certaines images ainsi que la réflexion légère que m'ont inspiré les sujets effleurés. Est-ce qu'au nom d'un idéal, on peut se permettre n'importe quelle action ? Oui, l'écologie c'est important, mais est-ce qu'une personne peut se permettre d'agir sans tenir compte des autres ? Pour moi c'est anti-démocratique. Et puis si on remplace l'écologie, par n'importe quel intégrisme, ça fait tout de suite plus peur. Quand je vois que des bouchers sont menacés de mort par des végans par exemple... Après d'un autre côté, et c'est également effleuré dans le film, la démocratie, ça se manipule, avec du lobbying, de la propagande, du populisme, et de la désinformation...
C'est effleuré donc, car ce n'est pas le centre du film. Le centre du film, c'est Halla, jouée avec talent par Halldora Geirhardsdottir (oui j'ai fait un copier-coller - rires). Elle montre beaucoup de facettes, tout en sobriété, ce qui est étonnant tant elle a l'air drôle et pleine de vie "en vrai".
Je conseille ce film aux personnes qui aiment les films lents et les portraits de femme pas ordinaire.